En direct d' Amérique Latine

Voyage au Mexique, archives du 07/07/04 au 29/08/04

Bonne lecture!




  • 07/07/2004

    Message à la veille du départ

    Demain,c'est le grand jour...

    J'en suis aux ultimes préparatifs, la situation est un peu stressante. Et un peu triste. Dernière nuit chez moi, dernier repas chez moi, dernière fois que je vois mes amis avant une paye. Mais je préfère regarder devant moi, je suis déjà un peu au Méxique.

    Demain, à 11h20 heure de Roissy, c'est à dire en gros vers 13 heures, je vais quitter le sol de la France. Je sais déjà que dès que le contact entre le train du zinc dans lequel je serai plus ou moins confortablement assis et le territoire Français sera coupé, lorsque le pilote aura la main droite tendue vers l'avant, en butée maximale, c'est à dire en position puissance maximale, quand je serai collé au siège, tous mes soucis matériels liés au stress de la préparation vont tomber d'un coup, un peu comme quand on commence à danser la salsa. Voler, ou danser, sont des activités qui lavent tout.

    Je vous raconterai tout cela plus en détail à mon arrivée.


  • 09/07/2004

    C'est parti!

    Et voilà, l'aventure commence. Il y a la fatigue du voyage, l'heure qui est différente, les odeurs, les fruits enfin bons (parce que ca, en France, ce n'est pas gagné) et surtout variés, la langue, le clavier un peu difficile (mais comment faire une cédille?). Cést certain, en me réveillant, ce matin, je n'avais pas rêvé, j'avais bien traversé océans et continents. Je me réveillais bien au Méxique. Au programme de cette journée: rien, ou presque, je vais me reposer. Quel luxe, d'être en voyage, et de ne pas être stressé par le temps... L'espace, ici, comme en Sibérie, est infini, mais le fait d'avoir beauoup de temps pour l'appréhender fait moins peur. A suivre...


  • 12/07/2004

    Le Mexique vu d'en haut

    Ce dimanche, j'ai pu réaliser mon premier vol ici, au Mexique, à Cuernavacas, une ville de presque un million et demi d'habitants. Ce fut avec un instructeur, mais c'est normal, d'autant plus qu'au Mexique, c'est impossible de prendre l'avion d'une école de pilotage sans instructeur. Pour voler seul, il faut avoir son propre avion.

    L'appareil que nous utilisames fut un Cessna 177, un peu une relique, comparé au 172, mais très agréable à piloter, l'avion de voyage par excellence: hélice à pas variable, et très stable. Il y avait même un compensateur de direction.

    Mise en route, contact radio. Heureusement qu'il y avait l'instructeur, parce que là, mon espagnol n'est pas encore suffisant pour comprendre du jargon aéro dans un avion, sans casque, par la radio qui mange la moitié de la communication. On a roulé jusqu'à la piste, remonté la piste en quatrième vitesse (un avion pointait son nez en finale), on s'est mis sur le côté à l'extrémité de la piste, essais moteur pendant lesquels l'autre zing se posait, alignement, décollage.

    Le temps de rentrer les volets, et déjà l'instructeur me montra une colline couverte de pyramides et de ruines précolombiennes sur la droite. Magnifiques, dommage que je dusse me concentrer sur les paramètres de montée (il faut dire qu'à cause de l'altitude inhabituelle, la chose avait bien du mal à s'elever). Ce site ressemblait beaucoup à Monte Alban, près de Oaxaca. Donc, plus ou moins Zapotèque. Ils devaient avoir une belle vue de là-haut. Et avec le silence en plus, ou le bruit des avions (dont des DC9 d'Aeromexico) entrain de décoller en moins, comme on voudra.

    Nous passames deux premiers lacs, plus ou moins épargnés par l'anthropisation entropique. Quelques baraques, jolies, et rien de plus.

    Un peu plus loin un autre lac, plus grand. Je fus effaré par toutes ces maisons qui le bordaient. Pire que les grands lacs Italiens. Une ville, dont le centre serait un lac grand comme quatre arrondissements de Paris, silloné de bateaux de toutes les tailles. Brrrr. Enfin, le lac devait être beau en son temps.

    Nous contournames le lac, et remontames une large vallée. Tout autour de nous, au loin, de hautes chaînes de montagnes perdues dans les nuages. En dessous, des collines qui poussaient ça et là. Par endroit, des villages, avec ces maisons typiquement mexicaines qui me plaisent tant. J'en parlerai plus en détail un jour, de ces maisons. Des routes, une autoroute, celle qui relie Mexico City à Acapulco, une des plus chères du monde, à coup de 10 centîmes d'euro le kilomètre, des forêts, des chemins, des entrepôts, deux parcs aquatiques impressionants.

    Nous contournâmes ensuite une montagne très jolie, sans doutes en basalte, faîte de colonnes rocheuses, et couverte de végétation. Un de ces paysages qu'on ne voit que dans les films, loin de l'Europe.

    Il était temps de revenir à l'aéroport de Cuernavacas. Nous survolâmes d'abord la ville. Je pus regarder mes chères maisons, et les ensembles de maisons. Une urbanisation très particulière. J'attends avant d'en parler plus en détails, d'avoir plus d'éléments d'analyse. Mais le fait d'avoir survolé de si bas cette grande ville totalement en pente, traversée de canyons, m'en appris d'un coup beaucoup. Nous avons notamment fait un passage bas (500 pieds) au dessus de la maison des cousins de mes amis, que nous étions venus voir, et que la nièce filmait depuis la place arrière.

    Le temps de s'aligner sur l'axe de la longue finale 20, juste au dessus du centre ville, puis de commencer la descente, de sortir 10 degrés de volets, d'oublier de sortir la suite, de se poser à vive allure (toujours cette ###### d'altitude qui raréfie l'air de manière si palpable, sans parler des volets), et nous étions posés.

    Pour finir, pour respecter la tradition de tout pilote français, et certainement aussi mexicain qui se respecte, nous nous sommes éclatés l'estomac dans un très bon restaurant de fruits de mers sur le chemin du retour vers la ville (en voiture, cette fois). De bonnes sensations aussi, mais gastronomiques, celles-là. Ce sujet sera détaillé dans un prochain épisode, là encore, j'attends de cumuler un peu plus les expériences. Mais je peux d'ores et déjà affirmer qu'au Mexique, on mange bien, et beaucoup!! ¡Ay! ¡Que bueno!


  • 15/07/2004

    Teotihuacan, premier grand moment géantropique

    Voici mon carnet de notes, écrit sur le vif, recopié à mon retour à Toluca, mon actuel QG, chez mes amis Roy et Mar, sans les croquis, sans les dessins, sans les calculs, et, si possible, sans les fautes d’orthographe.

     

    Mardi 13 juillet, 15h30

    Teotihuacan

    98° 50’ 45’’ / 19° 41’ 35’’ / 2320 m

     

    Ca y est, j’y suis. C’est beau, c’est immense. Comme en 80, comme en 2000. Je me suis mis un peu à l’écart pour être à l’ombre et au calme, dans l’herbe, derrière l’endroit appelé “Edifices Supérieurs”, à l’extrême ouest du site.

    L’endroit est imposant, rien à dire là-dessus. Je ressens la force du passé. Le passé historique de l’humanité, qui se mêle à mon propre passé. Je vais rester un peu ici, puis je continuerai l’exploration du site. Je dois aller dire bonjour aux pyramides.

     

    21h00

    San Juan Teotihuacan, hôtel La Cascada

     

    Avec cette journée qui s’achève, nous sommes entrés dans l’étape zéro du projet “Géantropie en Amérique Latine” (voir d’ailleurs la page). Le projet a désormais vraiment commencé. La visite de cet après midi fut très enrichissante. Et avant d’y retourner demain, voici déjà, en vrac, mes premières remarques géantropiques.

    A Teotihuacan, nous sommes bien au coeur des problématiques de la Géantropie: représentation artistique de l’Espace, de la cosmogonie, espace sacré, espace singulier. La cosmogonie de toute une civilisation disparue depuis plus de 12 siècles (je parle de la ville de Teotihuacan uniquement) se retrouve dans l’architecture, l’urbanisme, la sculpture, et la peinture (murale).

    On voit dans toute l’urbanisation du site, et dans chaque édifice en particulier, que les quatre points cardinaux ont une influence décisive. L’allée des Morts est orientée Nord – Sud. La pyramide du Soleil est à l’Est, celle de la Lune plein Nord. Tous les bâtiments ont quatre côtés, toujours alignés sur les quatre points cardinaux. Les sculptures ne sont pas en reste de “cardinalité”, puisqu’au musée du site, nous est donnée l’occasion d’admirer de splendides braseros, représentant l’Ancien Dieu du Feu, Huehueteotl, un être assis en tailleur, portant une coupe sur sa tête. Bordant la coupe, on retrouve quatre yeux, représentant les 4 directions fondamentales de l’univers, avec, au centre, dans le brasero même, le feu central.

    Les fresques murales (ce qu’il en reste), sont splendides. On peu s’imaginer, en extrapolant, la beauté du site il y a 1500 ans, lors de l’ère Xolalpan, lorsque la ville était à son apogée commerciale et architecturale. A cette époque, Teotihuacan comptait 80 000 habitants, s’étendait sur 20.5 km2, soit toute la rive gauche de Paris (si on enlève le 15ème, qui, de toute façon, n’appartient pas à Paris, hé hé, pardonnez moi pour cette pique hors sujet), et comportait même un système de drainage. Sur ces fresques, on retrouve de nombreux symboles, dont une grande part représentent des éléments de la cosmogonie. Notamment, on voit souvent des étoiles à cinq branches, qui sont censées représenter Vénus.

    La représentation spatiale s’exprime même dans la toponymie, puisque les deux édifices principaux du site évoquent directement par leur nom même des éléments essentiels du monde, le Soleil et la Lune, les deux astres qui gouvernent tous les calendriers du monde, or, on sait à quel point cet élément est dote d’une importance particulière dans la civilisation teotihuacane.

    Pour rester dans le sujet des pyramides, il faut ajouter qu’elles s’inscrivent parfaitement bien dans le paysage. D’aucun disent même qu’elles adoptent la forme de la montagne située derrière elle si l’on se place au sommet de l’autre, mais cette affirmation est un peu exagérée. En réalité, la pyramide du soleil reprend quelques aspects de la montagne située à l’horizon lorsqu’on se place au faîte de la Lune, et encore plus, c’est vrai, si on se place au pied de la Lune. Mais vu du sommet de la Pyramide du Soleil, la pyramide de la Lune, quant à elle, est bien plus basse que la montagne qui la surplombe en arrière plan. En revanche, si on se place dans l’Allée des Morts, à peu près au niveau de l’axe de symétrie de la pyramide du Soleil, l’axe de symétrie de cette montagne se superpose avec celui de la pyramide de la Lune, ce qui donne un résultat frappant, et ajoute un peu plus au mysticisme du lieu.

    D’une manière plus globale, les deux édifices, bien qu’imposants, s’inscrivent parfaitement dans le paysage. On comprends aisément qu’elles n’aient pas été détectées du premier coup par la bande à Cortès, vu que le site était abandonné depuis plus de 8 siècles, donc recouvert de végétation, notamment d’arbres sur les flancs des deux pyramides, en attestent des gravures du 18ème siècle. On peut facilement les prendre pour de petites montagnes, et ce, même sans la végétation. Je me souviens d’ailleurs de la première fois que j’ai vu la pyramide du Soleil, en 2000 (j’occulte 80, j’avais 3 ans, je n’ai que des flashs de mémoire), j’ai sursauté, elle était juste devant moi, or, le site se trouve dans une plaine, ce qui veut dire que normalement, on aurait du la détecter de loin. Mais il y a tellement de petites collines de forme conique, à cause de l’activité volcanique forte du secteur, qu’on a tendance à les prendre pour telles. Elle me regardait, narquoise, du haut de ses 66 mètres, et disait: “oui, c’est moi que tu cherches des yeux depuis tout à l’heure, je t’ai bien eu, hein?”.

    Enfin, nous sommes bien, ici, dans la problématique de l’espace sacré. Le site a été abandonné entre 750 et 850, mais les groupes qui ont suivi n’y ont pas touché, le respectant, pensant qu’il était sacré. Qu’ont ils senti exactement? Il serait intéressant de le savoir. Par ailleurs, il paraîtrait que le site est investi par un million de baba cools et superstitieux de tous poils lors du solstice d'ete, car les ondes positives que le soleil envoie sur ce site atteindraient à ce moment là leur maximum d’intensité. Le musée du site, ainsi que les guides sur Teotihuacan n’évoquent rien à ce sujet. A confirmer, donc. Quant à moi, j’ai senti ce que je décrivais tout à l’heure à propos du poids des passés collectifs et personnels. Ma petite enfance en 80, # vingt ans plus tard, et l’impression de fascination que le site exerce sur mon esprit. Ceci peut tout simplement venir du gigantisme de toute cette affaire. La pyramide du Soleil est vraiment immense, l’Allée des Morts mesure plusieurs kilomètres de longueur, et la ville s’étendait sur une sacrée surface à son apogée.

    Je remets à demain ces réflexions, il est tard, et je ne veux pas rater l’ouverture du site, à 7 heures demain matin, pour tenter de voir le soleil se lever sur la pyramide qui le représente. Tout un symbole...

     

     

    Mercredi 14 juillet, 8h30

    Sommet de la pyramide de la Lune, Teotihuacan

    98° 50’ 38.2’’ / 19° 41’ 59.4’’ / 2365 m

     

    Plus d’une heure que j’arpente le site dans les trois dimensions, plus d’une heure de vie hors du temps, de bonheur, d’instants inoubliables. Le site pour moi tout seul, ou presque. Plus exactement, moi et un groupe d’indiens (a priori) venus faire une cérémonie religieuse. Un prêtre, une prêtresse auxiliaire, et plusieurs femmes, qui passaient à tour de rôle devant le binôme pour recevoir un nouveau statut, via un protocole précis. Elles avançaient nus pieds, sur les pierres pointues et encore froides de la nuit de la pyramide de la Lune. Le prêtre et son auxiliaire se tenaient à mi hauteur du dernier escalier conduisant au faîte de la Lune. Lui était vêtu d’un magnifique manteau blanc avec quelques motifs rouges et bleus sur la partie haute du dos, et d’un jean. Elle, brandissait une sorte de sceptre religieux, un bâton prolongé par de longues plumes d’oiseaux rares. Le prêtre portait le fourreaux de cet objet en bandoulière. Une sorte de cylindre de bois, creux, comme un didjeridoo, à tel point que j’ai cru que c’en était un de loin, à prime abord. Ou un bâton de pluie. A la fin du processus religieux, le prêtre posait une couronne de fleurs (en plastique) sur la tête de la femme, et celle-ci descendait jusqu’au pied de la pyramide, toujours pieds nus, laissant une autre, qui attendait au sommet, s’avancer à sa place.

    Plus d’une heure, presque une heure et demi que le site a ouvert. Pas de nouveaux visiteurs. Ce groupe, et moi. Point. Je suis toujours seul sur le sommet de la Lune, et je regarde l’Allée des Morts, immense et vide, s’étaler devant moi. Tout en bas, le prêtre et la prêtresse s’éloignent doucement côte à côte, et rejoignent les autres femmes qui les attendent plus loin. Sur le Soleil, en face, trois ou quatre personnes, très certainement du même groupe. Les touristes ne sont pas exactement matinaux.

    Et durant tout ce temps, les couleurs étaient incroyables, indescriptibles. J’ai bombardé au numérique. Je pense en toute honnêteté que certains clichés vont cartonner (v. les photos ici). Il y avait le levé du Soleil (le site a malheureusement ouvert 20 minutes trop tard pour pouvoir voir l’astre se lever depuis son piédestal), le brouillard, la végétation, les pyramides dépourvues de touristes et très belles, très contrastées, avec des parties à l’ombre, très sombres, et d’autres au soleil, dorées, éclatantes. Ah, parfois, qu’il est bon de se lever vers six heures!!

    Et je suis assis là, tranquillement, et je regarde. La plus proche personne est à 200 mètres du pied de la Lune, et en plus, elle s’éloigne. Pourtant, il est déjà 8h40!! Et le silence, quelle paix. On entend les oiseaux chanter de toute part, et les camions éternuer au loin. L’éclat intense de Venus, que j’ai pu admirer ce matin à quelques encablures du fin croissant de la lune, et qui, d’ailleurs, ressemblait fortement à une étoile à cinq branches, s’est éteint depuis longtemps. Le soleil prend toute la place. On sent, malgré l’altitude, que la journée sera chaude. Devant moi, légèrement à droite, à un cap de l’ordre de 200 – 250 degrés, Mexico dégage son haleine fétide, son smog, qui bloque la visibilité à une dizaine de kilomètres seulement. Dire que de là oú je suis assis, jadis, on discernait certainement le Popo et l’Ixtalcihuatl, les deux géants enneigés qui gardaient le Sud Est de Tenochtitlan, devenue ensuite Mexico city. Plus jamais cela ne peut se reproduire. Entre eux et moi, maintenant, il y a la plus grande ville du monde.

    Le site dégage réellement quelque chose de sacré. De toute façon, j’ai réfléchi, cette nuit, entre deux moustiques: si j’y retourne pour la troisième fois en 24 ans, alors que c’est si loin de Paris, plus loin encore qu’Angkor, ce n’est certainement pas pour rien. Quelque chose d’incompréhensible m’attire ici. Et la cérémonie que j’ai vu tantôt avait tout à fait sa place ici.

    Une petite précision: les axes du site (Allée des Morts et axe de symétrie de la pyramide du Soleil) ne sont pas exactement alignés sur les quatre points cardinaux, Il y a un léger décalage angulaire. L’alignement Nord – Sud serait plus à chercher du côté de l’axe entre les pyramides elles-mêmes.

     

    Ici figure normalement un schéma, et la démonstration mathématique, basée sur trois relevés GPS, un au sommet de la Lune (point L), un au sommet du Soleil (point S), et un à l’intersection de l’axe du site (l’Allée des Morts) avec l’axe de symétrie de la pyramide du Soleil, qu’on appellera point I. La démonstration prouve que le décalage en longitude entre L et S est inférieur à l’incertitude de mesure du GPS, et qu’il est de 180 mètres entre L et I, alors qu’il devrait être nul. Pour confirmer, il existe un décalage en latitude entre S et I, de 70 mètres environ, alors que là encore, il devrait être nul. L’alignement entre L et S sur l’axe Nord - Sud est donc presque parfait. Est-ce voulu, ou est-ce dú au hasard? Est-ce connu?

    Ce qui m’a mis la puce à l’oreille fut la conjoncture de deux évènements:

    Hier, j’étais posté loin à l’est du site, marchant pour tenter de digérer l’affreux repas que je venais d’ingurgiter dans la gargote oú j’avais dîné, et j’ai vu le soleil se coucher quasiment dans l’axe, derrière la pyramide du Soleil, alors que j’étais précisément au niveau de son axe de symétrie, c’est à dire à priori l’axe Est – Ouest. Je me suis dit: “tiens, tiens, c’est étrange, le soleil se couche exactement à l’Ouest, or, nous ne sommes pas du tout à l’équinoxe. A creuser”.

    Et ce matin, attendant que le site ouvre, j’ai vu le coquin se lever, après une bonne nuit de sommeil. Frais et éclatant, et respectant la règle de l’été, en apparaissant bien au delà de ce pseudo axe Est – Ouest, vers le Nord. Je me suis donc dit que cet axe N’ETAIT PAS exactement l’axe Est –Ouest. Les relevés GPS ne font que confirmer ce que j’ai pu observer avec le soleil.

     

    Suit ici, normalement, un schéma qui aide à comprendre ce que je veux dire, parce que je suis conscient que mes explications ne sont pas très claires.

     

    A peine après avoir fini de dessiner ce schéma qu’un Cessna survole le site!!! Argggghh!!! En plus, il ne se gène pas. Il a quasiment fait une verticale Lune, à 1000 pieds sol. Pendant ce temps là, un premier groupe de gringos est arrivé au sommet. Je les entends parler du nez, c’est comme cela que j’en déduis qu’ils sont américains, parce que, comme d’habitude, je ne comprends pas une goutte de ce qu’ils disent. Ils ne pourraient pas parler anglais, comme tout le monde, non!! Le Cessna a fait un seul passage. Une ou deux minutes de plaisir intense. Lui, en tout cas, il était certainement en infraction.

    Je vais redescendre, et rejeter un coup d’oeil au musée. Ah!! Comme c’est beau, tout ça, je ne veux pas redescendre! Enfin, si, à cause des gringos d’à côté qui braillent.

     

    10h00

    A côté du musée du site, Teotihuacan

     

    Dur de décoller. Je fais une pause, assis à une table au soleil, avec un coca (oui, je sais !! Mais je n’ai pas pris de petit déjeuner et j’avais besoin de sucre), à côté du musée. Je veux y faire un tour, pour dessiner encore des statues et des objets, et je veux regarder les bouquins dans la boutique, voir, si par hasard, il n’y aurait pas un guide qui m’intéresserait, notamment avec des explications sur la déviation angulaire, qui m’intrigue beaucoup. Je voudrais aussi me promener encore et encore sur le site. Mais Mar m’attend vers 14h – 15h. Il faut compter 3h30 de bus et de métro pour rentrer. J’ai encore un peu de temps.

    L’ensemble boutique, musée, toilettes, administration, tables en pierre et parasols ressemble beaucoup à une aire d’autoroute du sud de la France. Ils ont même mis des cactus, pour faire plus ressemblant encore...

     

     

    19h20

    Toluca, dans la maison de Roy et Mar

    99° 37’ 46’’ / 19° 16’ 31’’ / 2649 m

     

    Finalement, le musée était fermé pour maintenance, j’ai bien fait de le visiter hier. Je ferai mes dessins au musée d’Anthropologie de Mexico, qui est, pour le moment, le plus beau et le plus fort musée qu’il m’ait été donné de visiter dans ma vie. Je dois y retourner cette année, c’est obligatoire pour la géantropie, et en plus, j’ai très envie de le revoir. J’irai après demain, je pense.

     

    Quant au problème de la déviation angulaire, il est en partie résolu. Un panneau rencontré sur l’Allée des Morts explique qu’il y a 15 degrés 21’ de déviation vers l’Est pour que l’axe soit orienté sur le Nord Astronomique. Il ne me reste plus qu’à chercher sur Internet ce qu’est ce mystérieux Nord dont je n’avais encore jamais entendu parler.

    A suivre…

     

    Pour conclure avec cet épisode, j’ai été enchanté de ces deux jours d’escapade à Teotihuacan. Ce lieu doit être vu dans les conditions dans lesquelles je l’ai vu (hier à la fermeture, et ce matin, au levé du soleil, quand il n’y a pas encore l’invasion des pèlerins quotidiens).

     

    A bientôt Teotihuacan! En principe, je devrais faire dans quelques jours la même chose que ce qu’a fait le pilote du Cessna ce matin. Je le raconterai, bien évidemment.

     

    Voir les photos de Teotihuacan.

     


  • 16/07/2004

    photos des premiers jours enfins disponibles

    Bonjour.

    Les photos des premiers jours sont disponibles ici:

    Photos des premiers jours


  • 17/07/2004

    Encore des histoires de pilotage

    Les expériences géantropiques s’accumulent. Entre la cuisine, l’architecture individuelle et l’urbanisation, dont je voudrais parler, mais pour lesquelles j’attends d’en savoir plus, je voudrais évoquer ma visite du musée d’Anthropologie de Mexico. Là aussi, il faudra patienter : j’y suis allé, mais seulement quatre heures, jeudi dernier. Quatre heure dans ce musée, c’est comme passer deux jours dans le Louvres, ou une demie-heure à une exposition du Grand Palais : on ne visite que la moitié de ce qui est exposé durant ce temps. Ce musée là est immense. Je le savais, pourtant, mais j’en avais oublié la densité. J’ai donc arrêté ma visite après la salle des Zapotèques (région de Oaxaca et de Monte Alban), il me manque principalement les Olmèques, les civilisations du Nord, et bien sûr, les Mayas. A ce sujet, j’ai découvert, en faisant des recherches, un site présentant un TPE (ces nouveaux machins transversaux qu’on demande aux bacheliers de préparer pendant leurs années de lycée) sur le calendrier Maya. Une merveille d’informations, oú l’on y apprends (si on ne le savait pas déjà, ‘s pas ?) que ces gens comptaient avec leurs doigts, c’est à dire en base 20 (système vigésimal, inutile de le rappeler), et plein d’autres choses du même acabit, sur la cosmogonie des Mayas, et leur système tarabiscoté de délimitation du temps. Voici l'adresse du site: www.lycee-pascal-colmar.net/tpe/cal_maya/maya1.html . Donc, nos amis les Mayas n’ont pas eu l’immense honneur, pour le moment, d’être appréhendés dans ce musée par un regard géantropique, pour la première fois de leur carrière. Il faudra attendre mardi ou mercredi prochain, que ledit regard du modeste chercheur que je suis retourne s’y poser.

    Donc, là aussi, comme je disais, il faudra être patient pour avoir un compte rendu global de cette visite. Ce que j’y ai appris, je le garde au chaud, ne vous inquiétez pas.

     

    En attendant, j’ai bien été voler ce matin. Pas dans un supermarché, ils sont pour la plupart fermés le dimanche. Non, j’ai récidivé dans mes tentatives d’explorer la Terre Mexicaine vue d’en haut. J’avais évoqué dans mes dernières nouvelles le survol de Teotihuacan, mais ce sera pour un troisième vol. Cela n’en fut pas moins intéressant pour autant (pour NATO, on dit par là-bas).

     

    Alors je me lance, mais attention, le texte qui suit présente des contenus à caractère aéronautique, dignes de choquer les personnes n’étant pas des pilotes chevronnés :

    Tout d’abord, ce fut une belle moisson de premières. Décollage de Toluca, piste : 4200 m. La plus longue piste d’Amérique. Aéroport de Toluca : 2650 m, le deuxième aéroport le plus haut d’Amérique après La Paz, en Bolivie. Première fois que je décollais à quelques 8000 pieds, donc. Impressionnant. On comprend d’un coup beaucoup plus facilement pourquoi la piste est si longue. S’il faut un kilomètre ou pas loin à un pauvre Cessna 182 pour s’arracher du sol, on extrapole aisément pour un 747… Rotation à plus de 70 nœuds en vitesse indiquée, soit 80 nœuds en vitesse réelle, rien que ça, ce qui fait presque un bon 140 km/h, déjà, ça calme. Et ensuite, le taux de montée de la bête, désespérément bas, vu le peu d’air pour s’appuyer dessus. Dans les premières, il y a eu le fait que c’était la première fois que je pilotais un Cessna 182. Décidément, en ce moment, je cumule les nouvelles machines. Première fois que je volais si haut : on est monté à 10500 pieds, ce qui est tout à fait différent du FL 105, vu qu’ici, lorsqu’ils se placent en pseudo niveaux de vol, ils ne se calent pas sur 1013,5 ha, mais sur le QNH (pression équivalent au niveau de la mer dans le lieu concerné). Sans oublier le fait que toutes les unités de pression sont en pouces de mercure, pour simplifier le tout… Et puis, il y a eu ma première expérience IFR. L’instructeur n’a pas voulu se laisser démonter, ce matin, par la couche soudée de stratus entrain de se transformer joyeusement en cumulus, il me dit, « tu continues à monter » (c’était deux minutes après le décollage, soit encore au dessus de la piste, vu sa longueur…). Ca tombe bien, hier soir, avec Rosendo, nous avons fait une heure de simulateur sur le logiciel de Bill Gate, à s’entraîner à faire des procédures IFR en tout genre, en se mettant de la nuit, de la pluie, et des nuages. J’étais vidé, je me souviens. C’est vraiment une autre affaire que le vol à vue. Bon, ce matin, c’est plus simple, il faux juste suivre un cap, une vitesse et une vitesse de montée verticale, les yeux rivés sur l’horizon artificiel, et parfois un peu sur les paramètres moteur (on est en montée initiale, que diable), notamment les pressions d’admission (en inch of mercure, please), les tours par minutes, et toutes ces sortes de choses, vu que c’est, une fois encore, une hélice à pas variable. Récompense quand on émerge au-dessus : évidemment, du pur bonheur en coton. Avec les volcans qui surgissent au loin, eux-aussi, l’air de dire ; « nous on fait ça tous les jours »…

     

    Un peu plus loin, les nuages en dessous de nous disparaissent, laissant la place aux montagnes toutes vertes, encore joliment contrastées car il est neuf heures du matin (Rosendo, mon ami, s’est d’ailleurs bien fait vanner par tout le monde, du genre « tu es tombé du lit ce matin ou quoi ? »). Des montagnes, puis une mini-plaine, couverte de serres, on se croirait au dessus de la Belgique, le relief en plus. L’instructeur m’explique que ce sont des serres pour les fleurs. Nous continuons. C’est toujours aussi beau sur les reliefs autour de nous. Le temps passe assez vite, notre terrain de destination, Iguala, un terrain non contrôlé situé exactement au sud de Toluca, à une cinquantaine de nautiques, arrive vite, et nous sommes, à dix nautiques des installations, encore à 10500 pieds, alors que le terrain est en-dessous des 3000. Inutile de dire que mes oreilles en prennent un coup. La perception de l’espace par les surpressions acoustiques… on s’en passe. Le terrain est une piste en dur, isolée dans un endroit vraiment très joli. Les photos le montrent. Trois tours de piste, histoire de s’entraîner à poser la bête, puis un complet, pour que nous puissions changer de pilote. Rosendo prend ma place, et je passe derrière, le tout sans couper le moteur, pire, l’avion sur le seuil de piste. Mais c’est vrai que le seul trafic, c’est nous autres. Au retour, je peux admirer à loisir la campagne et la nature mexicaine. Je bombarde de photos, mais l’avion bouge trop, seules quelques unes sortiront bien, et encore, je n’en suis pas très content. Nous survolons des zones totalement vides, avec des canyons verdoyants, des zones rurales, des zones résidentielles, des mines de chepakua à ciel ouvert, et le site archéologique de Teotenango, voir les photos de tout ça. Enfin, nous survolons Toluca, et ses immenses zones industrielles, zones résidentielles, autoroutes, églises, quartiers multicolores, ses nuages bas (v. photos). Rosendo se présente en vent arrière, à une vitesse que nous tairons, puis passe en base puis en finale, toujours à cette vitesse indicible, et nous nous posons magistralement sur l’une des plus grandes pistes du monde. Nous n’en utiliserons que les premières centaines de mètres, passant à peine le peigne. Et ce, malgré les cent et quelques nœuds de vitesse réelle en approche (ah, zut, je l’ai dit !). L’altitude change vraiment tout. J’aurais appris beaucoup durant ce vol.

    Après de nombreuses formalités entre Rosendo et l’instructeur nous passons saluer le directeur de l’aéroport de Toluca, fort sympatique, que Rosendo (El Doctor !) connaît bien, et à qui il commence à parler de géantropie. Il faut voir le directeur du plus long aéroport d’Amérique écouter gentiment el Doctor Tobon parler de mon projet. Rosendo est vraiment fou !! Je rigole bien. Au final, je laisse l’adresse du site à « El ingeñero ». Je précise que les titres, ici, au Mexique, revêtent une importance extrême.

     

    Voir les photos du vol.


  • 21/07/2004

    Les musées d'anthropologie et de cartographie

    Hier, j'ai arpenté Toluca, oú je suis hébergé chez mes amis Rosendo (Roy) et Mar, avec le vélo de Roy. J'ai un peu cramé, à cause de l'altitude, mais ça m'a fait du bien de faire un peu de sport.

    J'en ai notamment profité pour visiter les fameux vitraux de Toluca, à l'intérieur desquels il y a un magnifique jardin botanique. Voir les photos. Ensuite, j'ai fait un saut à Metepec, dans les faubourgs, en faisant un détour plus ou moins volontaire (je me suis laissé guider par le chemin) par la campagne, sur les hauts de Toluca, loin des autobus, qui prennent les vélos pour des objets invisibles. A Metepec, il y avait ce marché aux bâches multicolores, que j'avais entrevu la veille d'en haut, et dont je me demandais ce que c'était. D'en haut, on aurait dit une rue sans pietons et sans véhicules, au sol peint de grands rectangles multicolores. C'était très étrange. Mais là, devant moi, j'avais la solution: en fait de piétons, il y en avait pléthore. Ca grouillait de monde, de produits, d'odeurs en tout genre, surtout de poissons frits, aaarggg!! Et tout ça, sous ces rectangles.

    A Metepec également, j'ai pu voir une carte de la ville, dessinée sur un mur d'un kiosque d'alimentation électrique. Intéressant.

    Aujourd'hui, j'en ai enfin fini avec le musée d'anthropologie de Mexico. Quand je dis enfin, c'est une façon de parler. Il est réellement infini, et j'imagine que de nombreuses subtilités relatives à la représentation que se faisaient les cultures mesoaméricaines de leur espace m'ont largement échappées, surtout que j'avais déjà un musée dans les pattes: le musée national de cartographie. Alors là, j'en ai pris un coup! Dire que j'avais hésité à y aller. Génial! J'ai pu notamment y voir des codex mésoaméricains du XVIe siècle (avec une influence occidentale tout de même) présentant des sortes de cartes, avec plein de glyphes racontant ce qui se passait sur la carte. Et il y aurait eu, selon certains historiens, des codex cartographiques de ce genre avant l'arrivée des blancs. En tout cas, j'ai été époustouflé. Les photos (v. les photos des deux musées) ne rendent que peu la beauté de ces trésors géantropiques.

    Il y avait également de très belles cartes, et une carte aéronautique du Mexique des années 30. Impressionnant. De plus, la gardienne de ce musée était très intéressante. Nous avons discuté beaucoup, partageant nos connaissances dans le domaine de la cartographie moderne (télédétection, GPS, etc..). Elle m'a notamment appris que l'échelle maximale ayant une couverture sur tout le territoire mexicain était le 1:50 000. Pas mal, vu la taille du pays.

    En partant, j'ai, comme il se doit, géocodé l'endroit, et je lui ai montré mon GPS. Elle était contente, et moi aussi, d'avoir partagé ce moment. Il va sans dire que dans le musée, il n'y avait personne, à part nous, et dans le registre de sortie, le dernier texte remontait à la veille. Elle était contente que j'y laisse un mot en français. C'était le premier de ce registre.

    Quant au musée d'anthropologie, pour y revenir, j'ai aussi beaucoup de choses à raconter, notamment sur la cosmogonie des cultures mesoaméricaines, mais j'attends de prendre un peu de recul. En attendant, on peut voir quelques photos: photos des deux musées

    Demain, je dois enfin survoler Teotihuacan, si tout se passe bien, et ensuite, nous partons pour plusieurs jours vers Oaxaca (fête du Mezcal) puis plus loin au Sud Est. Je serai moins à même de me connecter pour donner des nouvelles, et pourtant, il risque de s'en passer des choses!!

    - Voir les photos de Toluca et de Metepec
    - Voir les photos des deux musées


  • 06/08/2004

    survol de Teotihuacan

    Ce matin, comme prévu, j'ai survolé Teotihuacan. C'était magnifique, évidemment, et en plus, la navigation pour y aller fut extrêmement intéressante. Cette fois-ci c'était en Cessna 172 (oui, je sais, ça change tout le temps...). Je ne m'étalerai pas, cette fois, je ne désire pas transformer le site de la géantropie en un vulgaire recueil de récits d'aviation qui n'intéressent que les pilotes, même si on peut trouver des points communs évidents entre ces deux domaines, ne serait-ce que parce que les deux sont en prise directe avec l'espace, dans sa perception, dans sa représentation, dans son appréhension, et dans son esthétique. Mais passons.

    Je ne dirai qu'une chose: maintenant, c'est plus que clair: au Mexique, on vole d'une manière totalement différente de la France. Par exemple, ce matin, on est monté à 13500 pieds, à savoir un peu plus de 4000 m. A cette altitude, on se sent tout chose. Un peu étrange, de légers vertiges, la tête lourde. Si en plus, il faut rajouter une concentration inhabituelle due au fait qu'on est dans les nuages, c'est à dire qu'il faut faire un circuit visuel permanent entre la vitesse, l'horizon artificel, le cap, la vitesse verticale et l'altitude, alors, on n'a pas exactement le temps de s'ennuyer. Je suis revenu vidé et affamé, après plus de deux heures de vol.

    J'ai ajouté les photos du survol du site dans le diaporama des photos de Teotihuacan. Pour prendre des photos, c'est certain que les Cessnas, c'est mieux. Dommage que ce soient des camions-veaux pour fat-men à hamburgers...

    Le départ pour Oaxaca et sa fête du Mezcal est reporté à demain, mon ami Rosendo ayant des tas de problèmes avec ses deux voitures. Le pauvre, il est un peu leur esclave. Moi, depuis que j'ai vendu la mienne, je me sens léger, léger... Viva la libertad!!

    Voir les photos de Teotihuacan


  • 06/08/2004

    Un detour de pres de 1000 km

    Il y a de cela quelques jours, nous etions a Flores, au Guatemala, une petite ville un peu touristique sur la presqu'ile d'un joli lac, au centre du pays, legerement au nord quand meme, point de depart pour Tikal, 50 km plus au nord, au bout d'une route, au coeur de la jungle. Je parlerai de Tikal plus tard.

    En attendant, nous avions deja visite Tikal, et nous comptions revenir au Mexique. Pour cela, trois routes possibles: le chemin du sud, par Guatemala City, que nous avions emprunte a l'aller. Nous ne voulions pas rentrer par le meme chemin, et en plus, c'etait tres long. Deuxieme possibilte, par le nord Est du pays, quand bien meme nous allions globalement vers l'Ouest (le Mexique est a l'ouest du Guatemala), en passant d'abord par le Belize, puis Chetumal, et la route qui repique vers l'ouest dans le Yucatan, puis la cote Caraibe. Un chemin presqu'aussi long. Il restait une possibilite, que nous avions vu sur deux cartes distinctes (parfois, des cartes passent quand meme sous mes yeux): la carte aeronautique de la region, que Rosendo avait prise sur lui, se disant qu'on ne savait jamais, et une petite carte touristique du Guatemala, qui nous avait ete donnee a l'Office de Tourisme de Guatemala City. Les deux indiquaient un chemin plus direct, par la jungle, par l'Ouest, allant directement de Flores a Palenque, au Mexique, ce qui evitait de faire le detour de 800 km par le Belise et Chetumal, au Nord (vous me suivez?, je repete: trois chemin: sud, trop long et deja vu, Nord Est, tres long aussi, Ouest: direct). Avant d'opter pour ce chemin, nous avons demande confirmation aux policiers de Tikal, qui nous ont confirme que ca passait, et que meme, la route etait une piste pas trop abimee.

    Apres avoir fait le plein d'essence et de vivres, nous nous sommes donc engages avec la Chevy (leur petite voiture trois places de 170000 km) vers la route de l'Ouest. Mais les routes de l'Ouest, on sait ce que c'est: c'est un peu l'aventure...

    Le chemin etait en fait une route toute neuve, toute lisse, sans topes (ces dos d'ane dont je parlerai un jour), tres agreable, a part les 40 premiers kilometres qui etaient une piste, et nous franchimes en moins de trois heures les 200 kilometres qui separaient Flores du bout de cette route.

    Oui, du bout de cette route. Vous avez bien lu.

    La route finissait a une riviere. Un bac permettait de passer en face, mais en face, c'etait toujours le Guatemala. Un chemin continuait bien, mais tournait au Nord vers des puis de petrole 70 km plus loin, via une piste impraticable en Chewee. Notre chemin a nous, devait se faire le long de la riviere, qui se dirigeait justement vers l'Ouest, vers la frontiere, a 20 km, ou une route toute neuve reprenait, en territoire mexicain, jusqu'a Palenque. Il manquait donc 20 km.

    Des gens de ce comptoir nous ont propose de mettre la voiture sur deux canoes assembles par des planches, mais vu la main d'oeuvre necessaire pour construire une telle bi-embarcation, puis pour y poser la Chewee, naviguer les 20 km, deposer la Chevy, et revenir, ca revenait trop cher (150 euros en gros). Vu le prix de l'essence, ca revenait moins cher de revenir a Flores, puis de prendre la route du Nord Est, par le Belize et Chetumal. De plus, le temps de construire le radeau aurait pris plusieurs heures, et le transport sur l'eau etait un peu risque. Si la voiture tombait a l'eau, plus de voiture, plus de retour a Toluca. Et en plus, comme la voiture n'avais pas d'assurance au Guatemala (l'assurance mexicaine couvre le Mexique), cela aurait ete en pure perte.

    Donc, nous sommes revenus a Flores, deja tard, puis nous avons roule jusqu'au Belize, ou nous sommes arrives a une heure deja bien avancee de la nuit, par une piste longue et defoncee, au coeur de la foret, illumines par une pleine lune, un scorpion entier (eh oui, ici, il n'est pas tronque par l'horizon), par des milliers de lucioles qui virevoltaient dans la nuit) et par les pleins phares des camions et des voitures qui venaient en face, que la poussiere de la piste soulevee par leur predecesseur ne pouvait voiler.

    Passage de la frontiere. Comme toujours un peu complique, mais cette fois-ci, nous n'avons eu a lacher que 4 euros pour la desinfection - obligatoire- de la voiture.

    Traversee du Belize aux etoiles, vu qu'il n'y a aucune indication de direction et de nons de villes. Un miracle: nous sommes arrives au bout de trois heures a la frontiere avec le Mexique, sans faire une seule fois demi-tour. Le Belize est un pays etonnant. Une enclave gringo au coeur de l'Amerique Centrale. Une petite Suisse. On y parle anglais, on y joue au basket, et pire, au base-ball. Les rues sont eclairees, les maisons sont cossues, les gens sont plus melanges (beaucoup de noirs).

    Frontiere Mexicaine a 2 heures du mat. Long, complique, et cher. Taxe de sortie du territoire, rendez-vous compte. Presque 15 euros. Sans pitie.

    Alors, dans ma representation spatiale a moi, j'associe cette enclave de gringitude dans la jungle de la presqu'ile du Yucatan a un enorme symbole... Une sorte de S, avec une barre verticale le traversant de part en part...

    A Chetumal, juste derriere la frontiere, tous les hotels etaient complets, de toute facon, il etait deja trois heures, et il fallait manger. Ceci etant fait, nous avons dormi dans la voiture, tous les trois. Dans une chaleur suffocante. Un exploit.

    Le lendemain, nous avons ete faire des courses dans la zone libre, entre les deux frontieres (la mexicaine et la belizeaine). Ce fut egalement un grand moment geantropique, meme si un peu desagreable.


  • 06/08/2004

    La zone libre, un espace commercial

    Donc, la zone libre...

    Entre les deux frontieres, un espece de no man's land detaxe, de l'alcool, des parfums, du tabac, de l'essence, ainsi que de mille marchandises de mauvaise qualite, est envahi chaque jour, et particulierement le samedi matin, par une foule de consommateurs, par des decibels insuportables de musique boum boum, baffles saturees, par la chaleur, et par la poussiere. Un espace hostile, ou trois sens sont sollcites a l'exces. La vue par la laideur de l'ensemble, qui s'etale devant les yeux a perte de vue, le toucher par la chaleur et la poussiere (appartee: en ce moment, passe Chan Chan dans le cybercafe d'ou j'ecris, une version differente de celle sur le CD de Buena Vista commercialise en France, c'est du bonheur en boite), et l'ouie (justement) a cause des musiques attrape-consommateurs. Le palais de la consommation, donc. Le paradis du free taxe, le Chivas a 17 dollards...

    A l'entree de cette zone, nous croisons une tres longue file de vehicules qui essayent d'en sortir, bloques en plein soleil a leur entree en territoire mexicain. Nous allons ensuite de magasin laid en magasin laid, a chaque fois remontant dans la Chevy, rangeant les affaires, manoeuvrant pour en sortir, roulant vingt a cinquante metres, tout au plus, jusqu'a un autre magasin laid, manoeuvrant pour s'y garer en plein soleil, sortant de la voiture, la fermant a cle, se dirigeant vers le magasin. Et tout le monde fait pareil, dans la joie et la bonne humeur.

    Les mexicains sont des consommateurs compulsifs. Comme tout le monde, en fait. Les pays riches parce qu'ils sont accros depuis longtemps, les pays en transition, comme, justement, le Mexique, parce qu'ils sont en voie de liberalisme intensif, les pays pauvres parce qu'ils n'ont rien et revent de plein de choses.

    Mes amis finissent par acheter beaucoup de parfums et de whiskys. Un plein d'essence, un mauvais petit dejeuner, et nous repartons, apres presque deux heures passees dans cet enfer, nous rangeant dans la queue pour sortir de la zone, qui, entre temps, a encore double, bien evidemment.

    Finalement, la queue avance assez vite, et nous passons, sans etre fouilles, ni au soleil, ni meme a l'ombre, ni les 7 ou 8 chek points qui jalonnent notre route jusqu'a Cardenas, ou je laisse mes amis le lendemain, pour commencer le voyage en solitaire.

    La zone libre, la liberte d'acheter, la liberte de ne pas payer de taxes sur l'essence ou les clopes, la liberte de consommer toujours plus.

    Moi, je n'ai achete que deux tacos (sans viande, dur au Mexique, qui est un pays de vrais carnassiers) et une bouteille de coca (aargh!! mais bon, par cette chaleur, faut avouer que c'est ideal).


  • 06/08/2004

    Photos du Guatemala

    Voici les photos de notre periple a Oaxaca, puis au Guatemala.

    A ce sujet, je me rends compte que je n'ai pas parle de Oaxaca. Bon, on ne peut pas parler de tout. La fete du Mezcal fut un peu decevante. Le Mezcal en lui-meme, et les criquets frits que tu manges avec, c'est toujours des nouvelles saveurs, une tempete de nouvelles saveurs. Il y a de tres bons mezcals, dont certains au lait, d'autres avec des fruits, d'autres avec la larve qu'ont connait bien en France, d'autres ou c'est un scorpion qui marine tranquillement au fond...

    Mais la fete en elle meme etait plus un melange entre le salon des vignerons independant mais en plein air (sous la pluie) et un bal du 14 juillet, sous la pluie, a Morlincourt, un trou pres de Noyon, dans la Picardie profonde. Je n'ai rien contre les piquards, ceci-dit...

    Pour la mygale qui se trouvait a cote de la roue de la Chevy dont nous reglions les roulements a bille hier matin, je n'ai pas eu le temps de la prendre en photo: lorsqu'elle vivait encore, j'avais les mains trop sales pour sortir mon appareil, et ensuite, je ne voulais pas prendre des morceaux indiscernables en macro, cela n'aurait rien donne.

    Voir les photos du periple


  • 11/08/2004

    Comment j'ai decouvert un endroit de reve totalement par hasard

    Il existe un canyon perdu au fin fond du Chiapas. Si on tape son nom dans Google, on obtient deja des milliers de reponses. C'est un endroit magnifique, que j'aurais cherche par tous les moyens a visiter si j'en avais un jour entendu parler depuis la France. Le fait est que je suis tombe dessus par hasard, et que j'ai failli pour trois raisons le manquer. La premiere, si j'avais trouve une voiture pour me prendre jusqu'a San Cristobal. La seconde, si je ne m'etais pas arrete dans la ville qui se trouve a cote. La troisieme, si le gerant de l'hotel ne m'avais pas dit qu'il fallait absolument que j'aille voir cet endroit, que tant de gens venaient voir specialement du monde entier. Il etait presque offusque que je parte sans voir "ca".

    J'ai donc ete voir la chose de plus pres, dubitatif, m'imaginant qu'il s'agissait encore d'une de ces promenades en bateau sur une riviere quelconque, pour touristes riches en manque de sensations. Arrive a l'embarcadere, j'ai eu un peu la nausee devant tant de groupes, je n'aime pas les groupes. Je me suis force a sortir 90 pesos, en me disant "on verra bien".

    J'ai vu.

    Des les premieres minutes, des que le bateau a passe les premiers meandres et s'est engage dans le canyon, a une vitesse de 35 noeuds, j'ai pris super cher.

    Une des choses les plus belles que la nature m'ait permis de voir pour l'instant dans ma vie. C'est qu'elle a de l'imagination, la bougresse. C'est inoui. Et du gout, aussi. Plus que nous autres, avec nos ZAC.

    Ce truc la valait largement un Cervin, un Grand Canyon, une Meije, un Beloukha, Ouessant, ou les Meterores. Certes, je n'ai pas encore eu la chance de voir la Patagonie, l'Alpamayo, le Kamtchatka, le Mac Kinley, l'Antartique, la Baie d'Ha Long, Honolulu, le Kilimandjaro, les Tepuys du Venezuela, l'Ayers Rock, les chutes d'Iguasul, celles de Victoria, les Anapurnas, le Sahara, et j'en passe, mais c'etait de ce tonneau la.

    Imaginez un peu. Ou non, plutot, lisez Betelgeuse, le second cycle des bandes dessinees de Leo. C'est presque les memes canyons verdoyants et vertigineux qu'il y a dans le monde qu'il a imagine. Je pense qu'il n'a d'ailleurs rien imagine du tout, il a simplement exagere (a peine) une merveille existante. Pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, imaginez donc un monde vertical de chaque cote d'une riviere large a peu pres comme la Seine a Paris. Deux parois, d'une hauteur comprise entre 600 et 1000 metres. Sur ces parois, la jungle, verticale. Deux parois de vegetation dense, qui prouvent a quel point la vie est feroce sous ces latitudes. De toute part, des oiseaux et des papillons. Ici, une aigrelette picore ou attend a l'ombre, posee sur ses deux longues pattes blanches. Plus loin, un vautour-dindon s'ennui, loin de ses comparses. La, un vol d'oiseaux verts fluo, en formation serree. A cote, nous croisons un papillon bleu, puis un autre, orange. Au loin, plane une sorte de mini-pterodactyle, genre pelican tout gris, sorti tout droit du Trias. Un de ses collegues du meme age, un crocodile, fait la sieste sur une branche d'arbre devant nous. A voir toutes ces merveilles evoluer dans une telle merveille, on ne se croit certes pas sur Terre. Malheureusement, par endroits, lorsque les phenomenes complexes de la mecanique des fluides creent des zones stagnantes, on retrouve des quantites desesperantes de bouteilles en plastiques et autres immondices, flottant, par centaines, voire par milliers. On est bien sur Terre, au XXIe siecle. Merci du rappel, on s'en serait passe.

    Moins de cascades que dans Betelgeuse. Deux, en fait, dont une tres fine mais incroyablement belle. Une sorte de sapin de noel geant (plus de 200 m), construit progressivement par les concretions de mousse qui se sont deposees en corolles gigantesques, surplombant le vide, empilees les unes au dessus des autres, jusqu'a former un cone immense au dessus de la riviere (v. les photos). Le pilote du bateau (un hors bord bimoteur tres puissant, d'une capacite d'une quinzaine de personnes) s'est fait un malin plaisir a nous laver en nous faisant passer sous la cascade. Ca nous a un peu rafraichis, c'est vrai, mais a peine... Plus loin, il nous a arrete dans une sorte de cavite, qui, comme il se doit, a ete transformee en chapelle. Une niche abritait Marie de Guadalupe. Le groupe de fervents mexicains qui se trouvait a bord a immediatement entonne une chanson en son honneur, tres belle, tres a propos. C'etait a la fois touchant, beau, et un peu comique: on voyait la une des caracteristiques du Mexique catholique catholisant.

    Donc voila, je fais du stop de Veracruz a San Cristobal, il m'arrive pas mal d'aventures (je n'ai pas encore racontee mon arrivee dans un village qui n'avais encore jamais vu d'occidentaux), je lutte, et finalement, je vois un endroit de reve. La vie reserve bien des surprises. Surtout en voyage, d'ailleurs.

    Cet endroit, vous l'avez compris, a un nom, que je ne divulguerai pas, parce qu'il est deja trop courru. On doit continuer a le decouvrir par hasard. Ceux qui le connaissent savent de quoi je parle.

    Voir les photos


  • 11/08/2004

    Photos de Veracruz

    Voici les photos de Veracruz. Je n'ai pas encore parle de Veracruz, mais si je devais resumer ce lieu, je dirais que c'est un espace musical.

    On y rencontre aussi des perforateurs sympatiques, et on y danse la salsa. On peut visiter ses plages et se baigner sous les etoiles des tropiques.

    Sur les photos, on voit souvent Fran, et Moises, celui qui lui a perfore la langue. Attention, a ce sujet, certaines photos peuvent choquer les caracteres sensibles. Ne pas les montrer a des enfants de moins de douze ans (je suis serieux).

    Voir les photos de Veracruz


  • 14/08/2004

    The Old Forest

    Apres avoir ennuye tous ceux qui ne sont pas accros d'aviation, je vais aujourd'hui importuner ceux qui vouent Tolkien au bucher.

    Hier, je me suis promene dans une reserve ecologique non loin de San Cristobal. Sur les flancs d'un volvan paresseux (il fait la sieste depuis 170 millions d'annees, le glandu), il y a une foret preservee de l'appetit vorace des hommes. C'est une foret primitive. Oui, meme a 2200 m, on peut trouver des forets primitives, puisque primitive se rapporte a une notion de temporalite et non d'altitude. Ce n'est pas exactement une jungle, donc, il s'agit plus d'une foret humide temperee, mais antique.

    Le chemin monte progressivement, et passe differents etages de vegetation. Des arbres etranges apparaissent ca et la. C'est beau, c'est une belle foret. On espere voir des oiseaux, d'autres animaux, de belles fleurs. Il y en a. Il y a des plantes rares, des arbres poussant sur des arbres, des fleurs grandes et dressees comme des phalus, s'echappent de branches d'autres arbres.

    Le chemin tourne, et monte encore. La vegetation se fait encore un peu plus dense, et les arbres plus etranges. Des troncs epais, noueux, tortueux, assez bas, desquels s'echappent des branches longues et tres droites. Sur la pente du volcan, de tous cotes, je vois ces arbres antiques, et je me dis: chouette, je vais faire la connaissance de Tom Bombadil et de Baie d'Or (Goldberry?). Mais je ne les vois.

    Plus haut, la vegetation change encore, devenant plus humide, c'est l'etage des stratus se transformant en brouillard fin a leur contact avec la foret, ce qui donne a l'ensemble un aspect plus jungle, mais jungle froide. Une foret tres humide, avec de la mousse sur les lianes, de la mousse sur la mousse (cf. J. Dutronc "Dans leurs cactus, ils ont mis des cactus"). On sort donc de La Vielle Foret. Le brouillard pourrait faire penser aux Hauts de Galgal, s'il n'y avait pas cette jungle froide, mais de larges praires ondulantes, parsemees ici et la de tertres. Non, plus haut, je croise toujours des arbres, et encore des arbres, jusqu'au sommet.

    Derriere, le sentier se poursuit, plus marginal, j'y rencontre au detour d'un virage un francais qui baroude au Mexique depuis presque six mois, et qui a cumule pres de 5000 km de stop depuis son arrivee. Il projette d'aller passer quelques jours au lac Miramar, dans la jungle entre Palenque et le Guatemala, mais n'ose pas y aller seul, vu que c'est une veritable expedition en autonomie complete, sur cinq jours. Affaire a suivre... C'est peut etre Tom Bombadil, deguise (a peine) en routard francais.

    L'apres midi, je rentre a San Cristobal - Bree. J'y fais des courses au marche des indiens - hobbits, j'y achete plein de fruits, de legumes, dont l'etrange chayote, et de nombreuses herbes, dont ils sont si friands: romarin, une autre dont je ne connais pas le nom, mais dont l'arome se pretera bien a la ratatouille que je compte preparer le soir a l'Auberge de Jeunesse tenue par Poiredebeure (un mec super sympa qui en vrai s'appelle Paco). Et effectivement, le soir, comme tous les soirs, a l'auberge, qui s'appelle aussi l'auberge du Poney Fringuant, l'ambiance est bonne, tres bonne. Nous sortons ensuite tous au bar d'a cote pour danser.
    Danser quoi?
    Oui, oui, il y a un peu de salsa. Le groupe qui joue est tres bon, et interprete un morceau de Fruko. Je suis au Zanges. Je manque de peu de glisser mon anneau au doigt et de disparaitre.

    Tom Bombadil devait venir nous rejoindre. Il n'est pas venu. L'auberge est decidement le lieu des rendez-vous manques.

    Je vais lui envoyer un mail aujourd'hui.

    Comment tuer d'une phrase assassine la poesie de l'ambiance de Tolkien, grace a la sorcellerie obscure du monde mondialise et de sa Toile...


  • 15/08/2004

    Mise en ligne de mes premiers dessins

    Aujourd'hui, j'ai mis en ligne mes premiers dessins.

    Ils sont ici: dessins


  • 16/08/2004

    Des precisions sur l'alignement de Teotihuacan

    Donc, comme il etait dit plus haut, Teotihuacan, etait, selon un panneau plante le long de l'Allee des Morts, oriente sur le Nord Astronomique.

    Je connaissais le Nord Geographique, qui le point d'intersection entre l'axe de rotation de la Terre et l'hemisphere nord, la ou la latitude est de 90°, appele vulgairement le pole Nord, il y fait froid, et il n'y a pas de pinguoins. Je connaissais le Nord Magnetique, qui est le point dont la direction est donnee par les boussoles, qui bouge tout le temps, mais est relativement situe autour du pole Nord (le Nord Geographique), a plus ou moins 10° de latitude (ces derniers temps), et a une longitude variable. Par exemple, en ce moment, au centre de la France, la declinaison magnetique (deviation angulaire entre les deux Nords) est de 3 a 4 degres suivant les endroits. Il y a dix ans, c'etait moins.

    Mais je n'avais jamais entendu parler du Nord Astronomique. De quoi s'agit-il? D'un Nord tellement grand (plus haut que le Grand Nord, donc), qu'il est surnomme astronomique? C'est impossible, plus au nord que le nord, il y a le sud, c'est bien connu, puisqu'on passe derriere la carte et qu'on ressort en bas.

    Ou y a-t-il eu une faute d'imprimerie sur le panneau, et en fait, il s'agissait peut-etre du Nord Gastronomique, a savoir Saint Petersbourg, ce point etant le lieu le plus au nord de la planete ou on peut pretendre trouver quelque chose qui s'apparente a de la gastronomie, parce que pour le Canada, l'Alaska et la Skandinavie, ne leur en deplaise, ce n'est pas exactement la panacee de ce cote la.

    Mais soyons serieux: n'oublions pas que Saint Petersbourg a ete fondee par Pierre le Grand, le 16 mai 1703 de notre aire, soit un certain nombre de jours apres le debut de la planification urbanistique de Teotihuacan. Donc, la faute d'imprimerie sur le panneau est une sordide hypothese, que nous rejetterons desormais. De plus, la deviation a l'Est de 15 degres 21 minutes du site de Teotihuacan n'est pas suffisante pour arriver en un seul passage a Saint Petersbourg. Cette magnifique cite sans pyramides, remplie de poetes ivres, est situee bien trop a l'Est.

    Le Nord astronomique serait celui qu'indique l'etoile polaire, cette etoile qui n'est de toute facon meme pas au zenith en France, et qui ne brille pas tant que ca, tant et si bien que c'est toujours la lutte pour la trouver. En premier lieu, reperer, la Grande Ourse, qui n'a rien d'une grande ourse, ni petite, d'ailleurs, ni d'aucun mamiphere connu. Une fois reperee, a cote, normalement, il y a la petite ourse, qui n'a rien d'une petite ourse, ni meme grande, etc... La queue de cette jolie et assez discrete constellation a une etoile moins sombre que ses collegues. C'est la polaire. Elle est sensee, de nos jours, etre toujours au meme endroit dans le ciel, les autres etoiles de la voute tournant autour. L'etoile polaire serait la cle de voute de l'univers, le vrai support du Pendule, autour duquel tout s'articule, tout se tient, tout se lie. En quelque sorte, la polaire, c'est un peu l'etoile-soleil de Foucault. Et si elle ne bouge pas, c'est qu'elle est sensee etre juste au dessus du pole nord (ah, c'est pour ca qu'en France elle n'est pas au zenith! Je croyais que c'etait parce que le Zenith etait reserve a des stars plus brillantes...tu me diras, cette illustre salle a bien recu il y a quelque mois un boys-band a la con dont j'ai reussi, heureusement, a oublier le nom). Juste au dessus, c'est vite dit. Il y aura toujours des pointilleux pour dire qu'elle aussi, elle tourne, parce que l'axe de rotation de la Terre ne passe pas exactement dessus. Elle est situe legerement a l'ecart, mais tellement legerement que ca ne se voit pas a l'oeil nu. Alors, peut etre que la direction vers cette etoile est LE nord astronomique, mais dans les faits, vu que l'ecart est tout au plus de quelques secondes, on a pris l'habitude de les confondre.

    Mais alors, me direz vous, dans ce cas, le panneau voulait dire que Teotihuacan etait justement aligne sur le Nord Geographique, cette fois!!! Eh oui, le panneau voulait dire ca, et donc, il a dit n'importe quoi. A tel point que j'en viens a douter de la veracite du nombre 15°21' dont ils parlent tout le temps. Moi, de mon cote, avec un GPS qui vaut ce qui vaut, et des formules mathematiques theoriquement inexactes mais dans les faits d'une approximation plus que suffisante, j'ai trouve 21 degres et quelques minutes. Habitue des erreurs de calculs, je prefere m'en tenir encore a ces 15°21' censes etre officiels.

    On n'avance pas.
    On ne sait toujours pas a quoi correspond cette satanee deviation angulaire vers l'Est, qu'elle soit de 15°21' ou de 21°.

    Aujourd'hui, 16 aout 2004, plus d'un mois plus tard, j'ai enfin pris le temps de continuer mes investigations.
    Et je suis tombe sur ce site: www.asu.cas.cz/~jklokocn/maycomp3_3fig.doc, did Maya know compass?. Un tresor de savoir et de prudence. Je ne le traduirai pas, c'est trop fatiguant. Je vais juste resumer le plus important. Ca dit que la plupart des sites mesoamericains (oui, les americains etaient meso, a une epoque, maintenant, ceux du nord sont sedo, et ceux du sud sont nordo, bref...), comme Palenque, Mitla, Chitzen Itzá, Tulum, et meme certains sites Incas, comme Cham Cham au Perou (De Alto Cedra voy para Marcane, Luego de Cuento voy para Mayani...) sont devies, tout comme Teotihuacan, d'un angle non negligeable, variable, vers l'Est.
    Il se pose la question, a juste titre, qui ne se la poserait pas, a sa place, de savoir pourquoi un tel systematisme dans la deviance, euh, la deviation.
    Il emet donc plusieurs hypotheses:
    - hasard? Non, les Mayas etaient bien trop precis pour se permettre ce genre de Mang de rigueur (manque de rigueur, pardon, Mang, c'est moi). De plus, il y aurait autant de sites devies a l'Est qu'a l'Ouest, or, il n'y a qu'un site devie a l'Ouest, c'est Quirigua, au Guatemala (il y fait tellement chaud, la bas, qu'on comprend que la tete ait pu leur tourner). Tous les autres sont soit devies a l'Est, soit parfaitement alignes sur le Nord Geographique (Tikal, Tenochtitlan, presque Monte Alban).
    - alignement sur l'azimuth du coucher du soleil lors de la decision politique correspondant a la date officielle de la construction? Non, car la encore, il y aurait autant de deviation a l'Ouest (decisions prises en hiver) qu'a l'Est (ete). A moins qu'ils n'aient toujours pris la decision de construire des villes et des batiments officiels durant les beaux jours... Mmm. Oui, mais cette hypothese ne permet dans ce cas pas d'expliquer les deviations superieures a 20, 25° tout au plus, et il y en a. En effet, sous ces latitudes, l'azimuth du coucher du soleil ne varie pas plus que cela entre l'hiver et l'ete. En gros, le soleil se couche plus ou moins toujours a l'Ouest, en variant nettement moins l'amplitude entre l'hiver et l'ete que chez nous. Et chez nous, moins qu'au cercle polaire, ou, justement, en ete, le soleil se leve tellement plus a gauche qu'a l'Est, et se couche tellement plus a droite qu'a l'ouest, qu'il en vient meme, lors du solstice, a ne pas aller se coucher, cet insomniaque. Ce genre d'elucubrations ne se passe pas sous les tropiques. Tout au plus, lors du sostice d'ete, va-t-il jusqu'a se coucher 25 degres plus a droite que l'ouest. Mais il y a des batiments alignes sur un axe devie de plus de 30 degres, comme a Palenque.
    - Alignement astronomique, comme, par exemple, sur le coucher du soleil au solstice d'ete? Cette hypothese a ete formulee pour expliquer la deviation a Teotihuacan. Je l'ai vue fleurir sur plusieurs sites se pretendant serieux. Mais regardons cela de plus pres: si on va sur www.imcce.fr, le site de l'institut de Mecanique Celeste et de Calcul d'ephemerides, on remarque que le soleil se couchait bien plus loin que 15°21' a Teotihuacan a cette epoque. Et si on compte que du haut de la pyramide du Soleil, on voit plus loin sur l'horizon, donc on voit le soleil plus longtemps, c'est a dire se decaler encore un peu plus vers la droite, c'est encore pire. Le site devrait etre devie non pas de 15°21', mais d'environ 25° (je ne me souviens plus du chiffre exact). Pour corser le tout, cet alignement ne se verifie pas non plus pour les autres sites, a quelques batiments isoles prets, comme le temple de Venus a Chitzen Itza, devie de 3 degres, ce qui correspond a la deviation du plan de l'ecliptique de Venus par rapport au notre. Mais ce cas isole ne nous avance pas, notamment a Teotihuacan.

    Alors, pourquoi? Pourquoi ces 15°21'?

    Jaroslav Klokočník et Jan Kostelecký, les coauteurs de ce document, avancent alors une nouvelle hypothese: les batiments des sites mesoamericains, et plus largement precolombiens seraient, pour la plupart, orientes sur le Nord Magnetique. Celui qu'indique la boussole!!! Mais les Mayas n'etaient pas Chinois! Les Chinois utilisaient la boussole depuis le premier siecle de notre aire a des fin geomanciennes, et seulement a partir du XVe siecle a des fins d'orientation, et donc, de navigation. Il se peut que les Mayas connaissaient aussi ce drole d'engin. Et qu'ils l'aient utilise egalement a des fin geomanciennes et uniquement geomanciennes (ca se saurait si les Mayas avaient navigue a la boussole. Ils auraient decouvert l'Europe avant 1492!!!). Leurs travaux s'appuient sur une analyse de correlation entre l'age estime des batiments des differents sites, les donnees topographiques sur l'alignement et la localisation de ces batiments, et des donnees geomagnetiques sur la position estimee (ils restent prudents) du pole magnetique aux differentes epoques. Ils decouvrent qu'une majorite des batiments etaient, lors de leur construction, alignes sur le Nord Magnetique de l'epoque. CE QUI EST NOTAMMENT LE CAS POUR L'ALLEE DES MORTS DE TEOTIHUACAN. Ceci permettrait de plus d'expliquer pourquoi les constructions, lorsque des annexes leurs etaient ajoutees, semblaient desaxees. En effet, la plupart des plateformes ajoutees a des edifices existants 50 ou 100 ans apres, etaient desaxes. Or, les Mayas, encore une fois, n'etaient pas des gens a s'oublier a ce point.

    Mais nos deux amis restent prudents: un seul objet ressemblant a une boussole aurait ete decouvert pour le moment (du cote de Veracruz), et si ces gens utilisaient la boussole, pourquoi ne s'en sont-ils pas servi a des fins d'exploration, eux qui etaient si curieux des choses de l'univers? Ils concluent en disant que cette theorie de l'alignement sur le Nord Magnetique reste une hypothese, qu'elle est suffisamment serieuse pour ne pas etre ecartee, mais qu'on ne dispose pas suffisament de donnees topographiques sur les sites et de donnees geomagnetiques suffisamment precises pour que la correlation qui a ete faite soit definitive.

    Au passage, j'ai une pensee bien emue pour Philippe de Carlos et son association www.wayeb.org, European Association of Mayanists, qui a justement fait des releves topographiques tres precis sur un site Maya perdu dans la jungle du Yucatan en 1994, et que nous avions rencontres avant de partir. C'est avec ce genre de travaux qu'on avance, en accumulant des donnees entre degres celcius, moustiques a Palu, portables ronges par l'humidite, sponsors avares, serpents minutes, et autres delicatesses du genre dont la jungle du Yucatan est si prolifique.

    Donc, moi, ce que je retiens, c'est que peut etre que Teotihuacan etait aligne sur le Nord Magnetique, mais rien n'est moins sur. Ce qui est sur, c'est qu'il faut oublier ces histoires de Nord Gastronomique.

    Merci a tous ceux qui ne dorment pas encore de leur patience et de leur attention.

    Affaire a suivre.


  • 20/08/2004

    Les photos de San Cristobal

    Enfin, voici les photos de San Cristobal, merveilleuse ville aux couleurs eclatantes et imaginatives. Les gens sont des voyageurs rencontres a l'auberge de Jeunesse, et on peut voir le fils et la femme de Paco, le directeur, a qui j'ai donne des cours de francais une petite semaine.

    Les quelques photos de nature ont ete prises au parc de Huitepec, dont je parle plus haut, ce que je me suis amuse a comparer a The Old Forest, et ou j'ai rencontre Philippe.

    Voir les photos de San Cristobal


  • 25/08/2004

    Palenque, une cité dans la jungle

    Il est neuf heures, mais il fait déjà trop chaud. Est-ce le fait que j'ai mal dormi cette nuit, emmitoufflé pour la première fois de ma vie dans un hamac, lequel hamac était, comme il se doit de la part d'un débutant en la matière, mal monté, me tordant en deux toute la nuit, et n'empêchant pas les moustiques de me piquer? Est-ce la piqure de l'insecte non identifié d'hier soir? Est-ce le contrecoup de ma nuit d'hier, de trois petites heures et quatre mojitos? Est-ce cette crêve qui ne se décide toujours pas à me quitter, ennemie fidèle et tenace rencontrée nuitament sur les hauteurs froides du toit de l'auberge de jeunesse de San Cristobal? Toujours est-il que j'avance lentement, mon corps m'obéit mal, mes membres sont lourds, il est malaisé de les mouvoir. Je me sens écrasé par cette chappe de plomb au dessus de ma tête lorsque je ne suis pas à l'ombre. Je lève malgré tout la tête tout autour de moi. Je vois des édifices qui sont plus vieux que moi d'au moins 1200 ans, et pourtant en forme. Respect. Je me force à avancer, sans gémir. A ma droite, l'ensemble des tombes royales. Des avalanches d'escaliers, qu'il va falloir gravir, pour aller se mettre au frais, tout là haut, dans les galleries mortuaires. C'est joli, mais les yeux se plissent: c'est trop blanc, il y a trop de lumière.
    En face, c'est pire: le soleil brûle sans remords tout ce qui passe à sa portée. Le palais royal et sa tour unique, qui servait certainement d'observatoire en son temps, et qui ne me sert plus, maintenant, que de pare-soleil si je me place bien, et tous ses murs, en parfait état de conservation, ou presque. A peine ici ou là une carrie ou une ride.
    Plus loin, derrière, dans les éclats de lumière, se devinent d'autres édifices, tous plus ou moins pyramidaux, avec un bâtiment plus parallélépipédique en leur faîte, lui-même surmonté d'une structure en pierres, verticale et compliquée. Et tout autour, la jungle. Des collines de jungle, des amoncellements de débauche de vie. Ca grouille d'êtres de toutes sortes: les plantes, les insectes, les oiseaux, les esprits, les reptiles, les arachnides, les batraciens, les mamiphères, les vers, les champignons, etc... Chaque arbre est une oeuvre d'art. Un monument d'imagination. Un entrelac de choses informes, de branches, de lianes, d'autres arbres, de plantes en tout genres, qui poussent les uns sur les autres, s'empilent, s'emmêlent, se fusionnent, se séparent plus haut en quelque chose d'autre, se tordent, se nouent, se confondent, tout au long d'un axe plus ou moins vertical et droit, qui, finalement, devient une sorte de tronc, duquel, plus haut, partent d'autres arbres, d'autres lianes, d'autres branches, d'autres plantes. A l'étage de l'obscurité, là oú la lumière ne vient que quelques minutes par jour, on peut admirer un anarquat (de anarchie) d'arbustes et de fleurs tropicales, aux couleurs géantes et aux proportions rouges ou orangées.
    Je continue mon chemin. Je visite les tombes, le palais royal, ses souterrains presque labyrinthiques, je franchis l'aqueduc, et commence à prendre de la hauteur: les pyramides du fond sont plus élevées: on se croirait à Delphes en août, à midi, un lendemain de cuite, sans café et sans jus d'orange, avec l'humidité en plus. Je finis par arriver au faît de la pyramide de la Croix. La vue sur le site est exceptionnelle, si on fait abstraction des gouttes de sueur qui coulent abondamment devant les yeux, et si on attend suffisament pour que tout s'arête de tourner. De là-haut, se voit la plaine, en bas, jusqu'à assez loin. Tout autour, les collines de collines de vert forment un doux cocon chaud, humide, impénétrable et soyeux pour cette partie nettoyée du site, cette infime partie de la cité de Palenque, qui représente 10% de l'ensemble de tous les édifices. Mais la plupart sont enfouis dans ce cocon de verdure, et les déblayer prendra encore de nombreux étés.
    Nous nous enfoncons dans ce cocon, dans l'espoir d'en voir plus. Très vite, le chemin se rétrécit, se perd en montant des buttes de plus en plus chaotiques, et s'arrête au pied d'un arbre aux racines plus hautes que nous, investies par des architectes octopédiques et retords, ceux qui tissent des structures géométriques dans l'air dans l'espoir d'y faire prisonnier d'innocents insectes. L'un de ces architectes se repose dans son aérienne maison: il est gros, compte bien ses huit pattes acérées, et est vétu d'habits aux couleurs chatoyantes. Du bout d'un bâton, je le tire de sa sièste pour le voir se mouvoir, énorme animal fort laid qui d'un coup danse avec grâce sur les fils de sa demeure. Nous en resterons là, et revenons vers les ruines dégagées.
    Plus loin, le chemin continue vers le Nord, vers la descente. Il rentre vers la plaine. Et sur la route, nous rencontrons de jolis rus, qui, du fait du relief, forment d'agréables ruissellements, scultent de beaux rochers ronds, polis, et couverts de mousse. Nous nous y arrêtons, et trempons nos jambes dans un élan rafraîchissant. La pause est salutaire. Après une demie heure, nous repartons, requinqués.
    Le chemin passe un dernier groupement de pyramides mises au jour, moins fréquentées. Il y a plus de lésards, dont certains ont vraiment des têtes qui ne me reviennent pas (je suis sur qu'à eux non plus d'ailleurs), et il y a aussi des souterrains avec plus de pas de lumière. Cela me vaut de tomber bêtement dans un trou que même mon briquet ne voit pas. Je me fait mal, et je perd d'un coup toute l'énergie accumulée juste avant au bord de l'eau. C'est exténué et boiteux que je quitte le site, heureux de l'avoir vu, heureux de ce que j'y ai vu, et heureux de me dire que je vais aller m'allonger au bord de la piscine de l'hotel-camping oú j'ai posé mon hamac pour quelques nuits ici, une espèce d'endroit baba-cool mexicain dans la jungle, tout près des ruines, sorti tout droit des cartes postales les plus fantastiques, oú tout y est: les cabanes en toit de chaume, la piscine (donc), les fleurs énormes et rouges, les cocotiers, les bananiers, les scorpions de la taille d'une main, les salamandres et les araignées géantes au plafond si on lève la tête dans les douches communes, les chaussures qu'on vérifie tous les matins, les hamacs qui ne touchent surtout pas le sol, terre des rampants, les concerts de musique, joués par des voyageurs qui squattent aussi dans cet endroit, bref, vous l'avez deviné, la seule chose qui manque...

    ...c'est le pastis avec plein de glacons qui font ting ting dans la piscine sous les nuages roses du couchant...
    Les photos de Palenque ne sont pas encore disponibles. A venir dans quelques jours, après mon périple dans la jungle, entre le Méxique et le Guatémala.


  • 05/09/2004

    des lieux paradisiaques

    Trois lieux paradisiaques ont ete visites ces derniers temps. Toujours sous le signe de l'eau.

    Apres Palenque, ses ruines, son hotel ou on pose son hamac sous un toit, ses araignees, sa piscine et ses scorpions, direction Agua Azul, des chutes d'eau bleue. Oui, l'eau est reellement bleue, ils doivent y mettre de la liqueur de fehling, vous savez, les machins des travaux pratiques de chimie a base de cuivre, que personne ne prenait au serieux. Et bien, la, il y en a, c'est oblige. Vous pouvez deja en voir un apercu dans la galerie Palenque et Agua Azul. _______________________________________________
    Mardi 24/08, 13h30, Agua Azul, en amont des chutes principales

    Oh, que c'est beau! Le paradis sur Terre, c'est là. La rivière idéale dams la jungle, bleue, à croire qu'ils y mettent du colorant dedans. L'eau est tourmentée ici, calme là, entrecoupée de ressauts, de cascades, de piscines naturelles, et jonchée de rochers lisses. Elle est propore, très claire, suffisament chaude pour y nager, et suffisament fraîche pour se rafraîchir. De chaque côté, deux murs de jungle, épaisse, insondable. Le début du chemin qui remonte la rivière est très touristique, infesté de gens et de baraques à souvenirs et à tacos. Il suffit de marcher une demie heure, soit deux kilomètres, en longeant la rivière de ressaut en ressaut, et on trouve le calme, une plage de sable jaune et fin, ombragée, à la sortie de profondes gorges, oú le courant est dément, oú on devine le bruit de cascades terrifiantes qu'on ne voit pas à cause des méandres des parois, et oú la rivière s'élargit pour nous permettre de nager sans trop de courant. Pour compléter le tableau, les papillons multicolores de l'autre fois, qui sont revenus.

    Je me baigne, je me promène sur les rochers le long de la rive, je rentre dans l'eau là oú le courant est très fort, et je me laisse emporter furieusement, dans les remous palpitants de la rivière, jusqu'à des zones plus calmes. Que c'est bon! Et les serpents n'ont qu'à bien se tenir!! __________________________________________________

    Je croyais donc ce jour la avoir trouve le paradis.

    Je me trompais. C'etait sans compter la ###### #######. C'est un lac d'eau pure, perdu au fin fond de la jungle, a l'extreme est du Chiapas, non loin de la frontiere guatemalteque. Pour s'y rendre, deux solutions. Au depart d'une ville importante du Chiapas, ou il y a au choix une gare routiere perdue au fin fond de la jungle - urbaine - de cette ville, ou un aerodrome. Premiere solution, sept heures dans un pick up geant, debout, entasse entre plein de chiapaneques (rien a voir avec les mexicains, des indiens quoi), sur une piste cabossee, pour faire 125 km. Genre meme pas du 20 km par heure, en plein soleil, a se tenir comme un ane a tout ce qui depasse sous peine de choir au milieu des pneux, des grands meres, des bidons, des boites de coca-cola des ampoules neuves (des ampoules neuves pas cassees???? va comprendre)... Dans le pick up, en plein milieu, un immense refrigerateur, attache par moultes cordes. Les autres voyageurs: des indiens, donc, que des hommes, a part la grand mere tassee dans un coin, qui ne sourient pas. Presque personne ne me parle, certains ont des regards moqueurs, voire un peu agressifs. A un moment, l'un d'eux monte a bord, discute avec tout le monde, sauf avec moi, partage son repas avec tout le monde, sauf avec moi. Dans les villages, ce ne sont que des quolibets des enfants "gringo gringo gringo". Bref, ma peau blanche, vouee au bucher du Soleil, n'est pas la bienvenue dans ce coin la.

    Je finis par arriver au village d'ou le sentier pour le lac part. Meme chose. La fatigue du voyage en plus. Je traverse en plein milieu du village une rue tres longue, tres droite, et totalement goudronnee, alors que je n'ai pas vu le goudron depuis sept heures. A l'entree de cette rue, il y a un panneau: interdit aux vehicules de circuler sur la piste d'atterrissage. Je comprends mieux, et j'imagine deja les 125 km transformes en 60 km en ligne droite (en l'air, il n'y a pas de virages a cause des montagnes ou a cause de rien), parcourus a 220 km/h au dessus de paysages grandioses. C'est la seconde solution pour se rendre ici. Ce sera pour une autre fois. Pour le moment, il faut: trouver des trucs a manger pour le campement, remplir un formulaire que me presente un militaire situe sur la piste, payer 30 pesos l'entree du chemin vers le lac (qui a dit que la nature etait a tout le monde??), trouver mon chemin vers ce chemin, et surtout me depecher: la nuit sera la dans une heure, on me dit qu'il y a une heure et demie de marche vers le lac, et je veux y arriver avant la tombee de la nuit pour ne pas me perdre, retrouver Philippe (Tom Bombadil) et la francaise qu'il a rencontree il y a quelques jours, et installer mon hamac dans un endroit pas trop mal, chose qui n'est possible que si on y voit clair.

    Je trouve le chemin, et je me mets immediatement dans le rouge pour torcher en moins d'une heure le maudit chemin infeste de racine et de boue, genre bienvenue dans l'Altai. Lorsque, trois kilos de sueur plus tard, j'arrive enfin au lac, la nuit tombe tout juste. Par chance, le campement est juste au debouche du chemin. Il y a deux personnes autour d'un feu, qui disent "aaaaaahhh!!! enfin!!!"

    - desole pour le retard, j'ai voulu vous appeler, mais je n'avais pas le numero d'ici. Vous ne m'attendiez plus j'imagine?

    - non, plus trop, c'est vrai. Mais d'un autre cote, nous, on est arrive ici hier soir a neuf heure et demie (note: ici, la nuit tombe a sept heures, donc ils ont fait tout le chemin de nuit). Donc tout etait encore possible."

    Sur ces belles paroles, le temps de faire une bise mouillee a Solene et de revoir Philippe, entre-appercu finalement une seule fois, a Huitepec, trois semaines avant, pres de San Cristobal, dans The Old Forest, et je me deshabille integralement, et me glisse rapidement dans l'eau trop chaude du lac, trop chaude, mais qui me fait malgre tout un bien fou apres la marche forcee que je viens de faire. J'ai mis la moitie du temps. Les etoiles commencent a se pointer, une par une. L'endroit a l'air magnifique.

    Manger, discuter, installer hamac, dormir hamac, reveil. C'est effectivement un endroit de reve. C'est a la lumiere du jour que je realise a quel point l'eau est pure, le ciel est pur, les paysages sont purs. Un pur endroit. Le paradis, c'est la, finalement, ce n'est plus Agua Azul, detronee sans difficultes. Prix du passage: dans ma marche forcee d'hier, mon chapeau colombien s'est detache. Perdu a jamais. Je vais essayer de racheter le meme en Colombie quand j'y serai. Soit dit en passant, depuis que je l'avais, des dizaines de mexicains et de mexicaines voulaient soit me l'acheter, soit que je leur donne. Ils ont vraiment scotche sur mon chapeau. J'espere qu'il fera un heureux.

    Nous n'en passons pas moins une journee magnifique, ponctuee de baignades, d'interviews d'une equipe TV locale (canal 10 du Chiapas) qui fait justement ce jour la, dans cet endroit desert normalement, un reportage sur ce lac admirable, de ballades dans la jungle a la recherche de grottes dures a explorer sans matos sur les parois d'entree dequelles il y a un singe sculpte dans la roche a 15 m de haut (va comprendre...), de baignades, de siestes, de baignades...

    Nous sympatisons avec l'equipe TV, et du coup, nous faisons du stop aupres d'eux pour qu'ils nous ramenent a la grande ville dans leur pick up. Rendez vous au village a minuit. Nous plions les affaires, marchons de jour jusqu'au village (une heure et demie), mangeons dans un infame boui-boui, puis rendez-vous. Pick up de base, sans rien pour se tenir, sans bancs, a meme le sol de la remorque, a meme la pluie, ballote neuf heures durant entre les sacs et le matos de TV, a la lueur de la lune presque pleine. J'ai passe des nuits plus agreables... Mais ce fut sommes toute une experience bien marrante, bien haute sur l'echelle root. .

    Voir les photos du lac

    Quelques jours plus tard, apres avoir passe la frontiere du Guatemala, apres avoir vu Xela et avoir fait l'ascension du volcan Tajumulco, 4200 m, dont je parlerai plus loin, je retrouve Philippe, seul, cette fois-ci, a San Pedro Atitlan, un village au bord du lac Atitlan. Un lac grand comme le lac de Neuchatel, en gros, forme dans un cratere geant, entoure de volcans. C'est un endroit tres tres beau, tres paisible. L'eau est merveilleuse, ni trop chaude ni trop froide, a n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, sous la pluie drue et froide, sous la lune, sous les etoiles, sous le soleil plombant de midi, l'eau reste autour de 20-22 degres. Le premier jour (avant hier), je le passe a arriver a cet endroit, ce qui n'est jamais gagne: trois bus bondes a s'enchainer. Ici, bus bonde est un pleonasme redondant, bus guatemalteque tout court suffirait. Le soir, je retrouve Philippe et nous nous preparons un bon repas dans la pension spartiate ou nous logeons pour moins de deux euros la nuit.

    Le lendemain (hier donc), journee magnifique. Canoe toute la journee, de plage paradisiaque (encore???) en ponton merveilleux, de grandes traversees par vent contraire loin de l'autre cote du lac en plongeoirs naturels aux eaux azurs, de baignade en baignade, nous passons des moments merveilleux, malgre la position anti-ergonomique dans le canoe. Sur le retour, nous faisons une halte au milieu du lac pour acheter des poissons encore fretillants a deux pecheurs dans leurs barques. Faire ses courses au milieu de l'eau, ca a un cote assez plaisant et depaysant. Le soir, nous preparons dans les regles de l'art de tres bons et tres nombreux mojitos, nous preparons les poissons (jamais vide ni ecaille un poisson de ma vie, quand on a faim, on apprend toujours tres vite a se debrouiller), agrementes de petits oignons, poivrons, citron vert (ici incontournables), piments, tomates, et de riz. Un regal, ca passe tres bien, et les mojitos aussi. S'ensuit un bar salsa, ou nous dansons comme des anes damnes, notamment sur une version salsa de Aicha, puis l'inevitable bain de minuit, dans l'eau apaisante du lac. Nous rentrons ensuite a la pension, et nous preparons des pates, tradition des nuits festives oblige...

    Voila comment se passent les journees a Atitlan. Demain, nous partons escalader un volcan. C'est une perspective tout a fait plaisante aussi. Aujourd'hui, halte obligee dans ce cyber, pour y traiter toute la journee les 100 photos qui se sont accumulees dans mon numerique depuis des semaines et des semaines. Cela fait deja six heures que je suis ici. J'ai super faim, surtout a me rememorer ces histoires de poissons, j'ai les yeux qui piquent, mal au dos, tant je n'ai plus l'habitude de travailler des heures durant derriere un ecran dans un bureau avec des murs et un toit (dire que j'ai fait ca trois ans durant) mais ca y est, toutes les photos sont en ligne.

    Agua Azul, ###### #######, Atitlan, trois coins de paradis aquatiques, chacun dans leur style. Vivent les vacances, vivent les voyages, vive la geantropie.

    Voir les photos de Palenque et Agua Azul
    Voir les photos du lac perdu


retour aux récits en cours

liste de tous les diaporamas du voyage

ARCHIVES: