Le sens de l'autre



On peut parler aussi du sens de l'autre, également fondamental dans la problématique de la perception spatiale. Ce sens là n'est pas non plus « démontré scientifiquement », mais il existe néanmoins. Certains l'appellent les sentiments, d'autre les hormones, d'autres, les odeurs. Dans ce dernier cas, le sens de l'odorat est hors jeu, car ces odeurs sont hors de la plage de sensibilité de notre organe olfactif. Les molécules que nous sommes sensées emmettre dans les airs autour de nous, notre signature olfactive, en quelque sorte, ne sont pas perçues par les nez des autres (en dehors des odeurs corporelles, comme les pieds, la sueur, ou les parfums rajoutés). Le sens de l'autre, selon les chercheurs actuels, s'expliquerait par notre degré de compatibilité moléculaire, compatibilité au sens de la forme de ces molécules complexes, telle une clé donnée avec une serrure donnée. Vaste programme, encore bien flottant. En attendant, il est de notoriété publique que des gens qui à priori ont tout pour se comprendre ne peuvent pas se supporter, sans raison apparente, et inversement. On ne dénombre plus les amitiés ou les amours entre deux personnes que tout oppose. Il va de soi également que certains ont ce sens plus développé que d'autres. La capacité à comprendre, à ressentir une empathie avec les autres n'est pas chose aisée. D'aucun appeleraient ce sens la psychologie. La façon dont nous percevons les autres dans un lieu donné a des conséquences sur notre perception de ce lieu lui-même. C'est le syndrome de l'étranger, qui n'arrive plus à sentir son entourage, car il lui manque certaines clés. Cet étranger va continuer à se sentir étranger, et il aura l'impression persistante que cet espace n'est pas le sien. Il le percevra comme un espace de transit. Tout voyageur, par définition, ressent cela. Il ne s'approprie pas l'espace qu'il traverse, ce qui, d'un autre côté, lui fournit un certain recul sur celui-ci, ce recul que l'autochtone a souvent perdu (il est plus facile d'explorer l'inconnu que le connu). Moins l'explorateur d'un espace est à même de sentir les autres dans le lieu où il se trouve, plus il va se sentir étranger à cet espace.

Selon certains récits, ce sens peut être tellement développé qu'il s'affranchi de la distance, de la notion d'espace, justement. Dans ce cas, on parle de télépathie. Beaucoup racontent qu'ils ont senti à plusieurs milliers de kilomètres la mort d'un proche dans les heures précédent ou suivant celle-ci, le plus souvent via des rêves dits prémonitoires.




Retour à la géographie des sens