La GéOgraphie des Sens
La perception de l'espace passe par ce que nos capteurs reçoivent, et par ce que
notre cerveau interprête sciemment ou inconsciemment des signaux qu'ils
lui envoient. La perception de l'espace parvient jusqu'à notre cerveau grâce aux
sens.
Or, on sait que certains autres animaux utilisent des capteurs totalement différents,
notamment les chauve-souris qui utilisent une sorte de SONAR (ultra sons), qui
remplace la vision de nuit, et de nombreux insectes, comme les fascinantes
abeilles, se repèrent en 3D mieux que n'importe quel système inertiel embarqué
dans le prototype d'avion le plus performant d'aujourd'hui. Elles ont en
permanence le sens de l'orientation (cap), et le sens de l'horizontalité
(roulis et tangage).
Par ailleurs, on parle beaucoup du sixième sens, et certaines théories vont jusqu'à
dénombrer douze sens chez un humain totalement valide (théorie de Steiner par
exemple).
La géographie des sens se donne pour mission d'étudier le territoire en s'appuyant sur la
façon dont il est perçu par nos sens, de manière à proposer une description du
territoire complémentaire à ce qui existe déjà via la géographie
traditionnelle, descriptive, objective, exhaustive, mais finalement hors de la
vie elle-même. Pendant que la géographie classique continuera à décrire des
autoroutes, des frontières, des ressources minières, des flux de populations ou
de capitaux, à analyser les dynamiques démographiques ou agricoles des pays, à
décrire des réseaux d'assainissement à l'aide
de bases de données, ce qui est
bien sūr très utile, la géographie des sens décrira des impressions, des
sensations procurées à un instant donné dans les lieux visités par ceux qui les
visitent. Les supports de stockage de ces informations ne seront pas
nécessairement des cartes, des manuels scolaires ou des bases de données. La
géographie des sens, en tant que branche fondamentale de la géantropie, se
propose de transmettre au public les résultats de ses recherches via des
supports plus éphémères, plus artistiques (disons plus littéraires),
dans la mesure du possible, de façon à conserver le plus possible l'esprit de
subjectivité revendiqué et assumé par la géantropie.
Le but est de parvenir, au
moyen de l'autre branche importante de la géantropie qu'est la représentation
spatiale, à retranscrire les sensations perçues le plus fidèlement
possible. Cela est impossible au moyen d'une simple carte ou d'une froide base
de données. Les sensations conservent toute leur portée si elles sont
transmises par des voies émotionnelles. La géantropie représente, elle
ne reproduit pas le terrain. Comment mieux reproduire une intuition ou une
émotion sentie en un endroit donné qu'en la dépeignant telle qu'on la sentie,
via un texte, une photographie émouvante, une illustration, ou une peinture,
c'est à dire en la représentant?
Concrètement, l'association se propose d'explorer des lieux, du 15ème
arrondissement de Paris à la Patagonie, sans aucun discrimination préconçue,
avec un regard plus porté sur les sensations perçues que sur une froide
campagne de mesures topographiques et statistiques.
Sur place, le but est de vivre l'espace, d'échanger, de partager, avec les populations locales.
Comprendre les populations rencontrées, comprendre comment elles perçoivent
leur propre espace, comment elles le vivent, qu'est ce qui va faire que
certains lieux seront agréables, d'autres désagréables, alors même que la
géographie traditionnelle, avec des critères classiques d'analyse sociologique
de l'espace, ne l'aurait pas prédit.
Exemple de géographie des sens (récit de voyage, à bord
du Transsibérien)
On parle beaucoup des cinq sens, tout autour de nous. En effet, nous avons, pour
le moment, réussi à identifier clairement et à comprendre en détails les
mécanismes de cinq capteurs dans le corps humain.
Voici donc la liste des sens qui nous intéressent dans le problématique de la Géantropie:
Un travail de recherche sur l'espace
sacré en ville (Mémoire de Licence, B. Frund, Université de Lausanne)