Un rêve
au bout du rail




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Retour en Europe

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Vilnius

Serge : Le retour est une remontée. Nous sortons de l'apnée moscovite. Déjà, retrouver le rituel rassurant du train nous remet sur les rails. Nous traversons la Biélorussie presque sans nous en rendre compte, ce qui est déjà une victoire en soi. Au petit matin, il y a un passage de frontière inhabituel, où nos bagages sont mis de côté pour ne pas être fouillés, puisque nos passeports sont du bon côté de la limite de l'Europe. Derrière, c'est un autre pays qui nous attend : la Lituanie, et Vilnius.

Lara : Nous arrivons à Vilnius. Thibault et Zivilé nous attendent, tout sourire, toute gentillesse, toute en longueur élégante. Nous découvrons avec eux la culture lituanienne et un mode de vie serein, raffiné, paisible. Vilnius nous laisse parcourir ses ruelles pavées sous neige. C'est une capitale dont on peut faire à pied le tour du centre ville, savourant au passage une pause gourmande dans un salon de thé quasi british. Les gens sont souriants, ils semblent avoir le temps et ils en profitent. Quel contraste avec Moscou ! C'en est presque caricatural.

Il est temps de continuer notre voyage de retour. Les étapes sont encore nombreuses.

Il y a d'abord la sortie de la Lituanie, puis les forêts de Suwalki autour de la ville de Bialystok en Pologne. Il s'agit d'une des dernières forêts primitives d'Europe. A travers les vitres, les arbres sont denses, les futaies sont sombres, les lacs sont innombrables. Le train traverse la région bien trop vite. Il faudra revenir. Tous ces arbres donnent des envies " ewokiennes " de villages suspendus, avec des cabanes et des plates-formes accrochées à leurs branches. De rêves ressurgissent. Des rêves de nature, des utopies de vie qui font du bien. Le rêve était au bout du rail, mais quel bout ? Quels rêves ?

Berlin

Notre voisin de compartiment est un oiseau rare.

Tout d'abord, il est russe et sourd-muet. Ensuite, c'est un voyageur qui n'a pas froid aux yeux : il a pris le train depuis la Russie jusqu'à Berlin pour trouver un avion bon marché qui puisse l'emmener à Héraklion en Crète ! Le tout, sans parler un mot d'Allemand, avec à peine quelques rudiments d'anglais écrit. Enfin, clin d'œil du hasard, sa femme vit à Anapa (!).Coup de bol pour lui, il vient de nous rencontrer. Commence alors un drôle de travail d'équipe pour le guider à travers Berlin et l'aider à trouver son billet d'avion. Serge communique avec lui par écrit en Russe, pendant que je pêche les informations en Allemand auprès des différents guichets. Nos démarches, pourtant complexes, se déroulent avec une facilité et une rapidité déconcertantes! Quel contraste avec nos déboires russes…Ce sont dse détails que je n'avais jamais appréciés avant à leur juste valeur. Nous laissons notre ami à l'arrêt de bus, riche de quelques informations essentielles pour la suite de son périple, et nous reprenons notre route, plus riches de son humanité, de son sourire et de cet échange.

Les ICE allemands sont flambants neufs. Tout y est confortable, coloré, moderne, aimable et accueillant. Les gens parlent doucement, se font mille politesses etc. C'est tout bonnement incroyable à entendre ! Autre monde, autre espace-temps.

Après une traversée express de l'Allemagne en ICE, nous parvenons à Strasbourg, où Philippe et Inga nous reçoivent pour la nuit. Dernière soirée russe. D'ailleurs, c'est la fête des blinis. Inga nous joue une interprétation particulièrement tragique et émotionnelle d'un magnifique passage de Casse Noisette, de Piotr Illitch, adapté pour piano. Ce sont les derniers accords russes de ce périple, ils sont chargés de colère, d'amertume, d'incompréhension, et d'envie de nous montrer une autre Russie. La sienne, celle de la nature préservée, et de la chaleur humaine. Cette Russie existe-t-elle toujours ?





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