En direct d' Amérique Latine

Voyage au Panama et en Colombie, archives du 01/01/05 au 31/01/05

Bonne lecture!




  • 13/01/2005

    Un tournant?

    01/01/05

    Une nouvelle annee commence, sous le signe du voyage, et du changement de continent. Je passe en Amerique du sud a priori dans quelques jours, et cette pensee me donne le vertige. Le meme trac, la meme excitation que les jours qui ont precede le 8 juillet dernier, avant de m'envoler pour le Nouveau Monde.

    Alors, voila, il va y avoir du changement dans les jours qui viennent.

    Ce soir, je me sens de nouveau orphelin, j'ai racompagne mes amis a l'aeroport, avec qui j'aurais passe, en compagnie de Philippe, les fetes de Noel et du jour de l'an. De tres bonnes fetes, d'ailleurs.


  • 13/01/2005

    Nouveau grand moment géantropique

    03/01/05

    Ça y est.

    Le troisième point fort qui était prévu sur la route a été vu aujourd´hui. Après Teotihuacan et ses alignements particuliers, après la jungle de la cité Maya de Palenque, je viens de voir le

    CANAL DE PANAMA

    Je m'attendais à ressentir une émotion spaciale en cet endroit hautement singulier, à cause du symbole fort qu'il représente. En cet endroit, le Pacifique est à son point le plus proche de l'Atlantique, et deux continents se rejoignent. Je m'attendais à sentir la présence de l'Amérique du Sud, toute proche, et à apréhender par des signaux forts les différences que j'imaginais entre les deux mondes.

    J'oubliais que la géographie et que la perception de l'espace ne se basent pas que sur des aspects purement géotectoniques, même en ces tristes heures de catastrophe de l'autre côté de ce géant Pacifique, et pacificateur, qui a su absorber l'énergie des tsunamis, protégant ainsi les côtes de l'Amérique, qui nous les rappellent parfois avec une violence injuste (à ce sujet, il serait temps d'annuler la dette du Tiers monde, fin de parenthèse, ou fin de message subliminal). Il y a bien d'autres aspects. D'un côté comme de l'autre du canal, il y a continuité totale entre les deux mondes soi-disant séparés. Même culture latine, même nature presqu'intacte, même climat particulièrement chaud et humide. De même, d'un côté comme de l'autre de l'isthme, un océan gigantesque charrie son lot de cargos titanesques, de pélicans, et de pétroliers.

    Ainsi, ce canal, loin d'être un séparateur de mondes, une frontière symbolique ou physique, est au contraire rapprocheur de mers, et rapprocheur de puissances économiques. Ici un porte containers de Singapour, là un autre de Pensylvannie (USA), plus tard, peut être un super tanker Suisse?

    Ainsi, Panama, loin d'être le symbole de la ville à cheval entre deux Amériques, est au contraire celui de l'unfication des cultures et des mondes. Se cotoient dans ce paradis fiscal les dollars du pétrole et de la cocaïne, ceux des droits de passage du canal ayant le plus fort tonnage du monde, la culture centro-américaine, avec ses chicken bus encore plus fous qu'au Guatémala ou au San Salvador, la culture americaine, ses casinos, ses 4x4 dernier cris, ses supermarchés, et les cultures du monde entier, comme tout port, et encore plus comme toute ville à cheval sur les deux océans les plus grands de la planète.

    Non, la séparation, on peut la voir soit bien plus au Nord, avec le Rio Grande, et citer Luis Sépulveda qui disait: "L'Amérique Latine est limitée au Nord par la haine et n'a pas d'autres points cardinaux", phrase hautement géantropique, voir géantropolitique, soit la voir un peu plus à l'Est, dans l'isthme de Darien, qui fait la frontière entre le Panama et la Colombie, oú s'arrête la Panam-éricaine, pour reprendre en Colombie plus de 150 km plus loin, oú il n'y a même pas une piste, oú il n'y a rien d'autre que de la jungle, infranchissable, des indigènes surexploités qui soutiennent de loin ou de près la guerrilla colombienne, des paramilitaires soutenus par les nord-américains pour lutter contre cette guerrilla et contre les trafiquants de trafiquants, des serpents de tous poils (de toutes plumes?) et les trafiquants de trafiquants de toutes sortes de choses. Un endroit, on l'aura compris, qu'il vaut mieux éviter si on veut continuer à voir le bleu du ciel, sentir le vent sur le visage, aimer, et être aimé quelques années de plus. Là, à 200 km plus à l'est du canal, est la véritable sération entre Amérique Centrale et Amérique du Sud, même si Panama City, qui marque l'entrée du canal côté Pacifique, est déjà du côté Est du canal, à savoir, tectoniquement parlant, en Amérique du Sud. Est-ce clair, ou dois-je recommencer?

    Ainsi, le canal ne m'a pas impressionné pour ces raisons symbolico-géographiques. Non, ce qui m'a impressionné, c'est ce qu'on y voit quand on y est. C'est titanesque. On mesure, en voyant l'écluse de Miraflores, la réelle quantité de travail qui a été réalisée à la fin du XIXème siècle et jusqu'en 1913. Et la première pensée que j'ai eu, en voyant un immense porte-immenses-containers entrer dans le premier étage de l'écluse, c'est que les gros cargos actuels sont contruits en fonction de la largeur de cette écluse. En effet, celui qui entrait dans le premier bassin mesurait peut être un mètre de large de moins que ledit bassin. Il coulissait tout juste, guidé par des sortes de locomotives sur crémaillères qui le halaient de chaque côté. Si le canal avait été plus large, on aurait construit des navires encore plus large que maintenant. Toujours plus gros, toujours plus loins, ainsi est l'humanité. La taille de tout cela donnait une idée très précise de ce à quoi l'homme peut arriver, en terme de gigantisme économique et architectural. Et ce, déjà au XIXème siècle.

    Bref, je fus stupéfait, réllement impressionné, et je sens que ces premières impressions livrées à chaud ici et maintenant seront suivies plus tard d'autres impressions, à froid, et en Colombie.

    En effet, demain, je m'envole pour Bogota, faisant fi de mon principe de tout faire par la terre, à cause, justement, du fait que le Panama est séparé de la Colombie par une barrière naturelle et surtout humaine presqu'infranchissable, et certainement terriblement dangereuse. Si je veux que ce voyage continue, je dois polluer le niveau de vol 350 de l'atmosphère (10000 m environ).


  • 13/01/2005

    Colombie!!!

    05/01/05

    Ca y est, je suis en Colombie.

    C'est fort, c'est incroyable d'etre ici. Je n'arrive pas encore a realiser. L'Amerique Centrale est maintenant loin derriere, le Canal aussi. Ne restent que les photos que voici pour se souvenir des derniers instants de ce premier voyage:
    - les fetes de Noel avec mes amis, a Granada
    - Le Canal et la ville de Panama


  • 13/01/2005

    Apres une semaine en Colombie

    13/01/05

    Apres une semaine passee a Bogota, je peux deja donner mes premieres impressions.

    Cuisine: Aaaaaaaahhhhhhh!!!!! Apres la monotonie et l'absence totale d'imagination culinaire d'Amerique Centrale, je retrouve "el sabor", voire "mile sabores"! Ici, c'est encore plus fort qu'au Mexique. Festivale permanent de saveurs, grace aux influences culturelles et agricoles de toute la Colombie. Des fruits sensationnels qui ne se trouvent pas en Amerique Centrale, des soupes, des poissons, des viandes, des jus incroyables. Affaire a suivre...

    Danse: Alors. Alors, alors, alors... J'avais un peu peur d'etre decu, suite a ma deception concernant cet aspect en Amerique Centrale, ou les gens dansent moins, et surtout, surtout, ou la salsa est tres loin de la place d'honneur, loin derriere la musique pop des annees 80 "fraichement" importee des zetazunis, casse tympans, puis le Reggaeton, qui n'a rien a voir avec le Reggae, qui fait boum-boum, boum boummmmm d'une chanson a l'autre, et qui a des paroles extremement pauvres, mais qui se danse affreusement et delicieusement calientissimo dans ces pays, puis le Reggae lui-meme. Pas de salsa, donc, dans toute l'Amerique Centrale, ou tres peu, et presque impossible d'inviter une locale a danser, a croire que si on est blond, on ne sait pas danser.
    J'avais peur détre decu, j'avais peur que ce soit un peu la meme chose dans la patrie, soi-disante, de la salsa et de la danse plus generalement.

    Et bien...

    En fait, cette fois, je confirme, la Colombie est bien une des patries de la Salsa (je ne suis pas alle ni au Venezuela, ni au Puerto Rico et encore moins a Cuba, et je n'ai vu Manhattan que quelques heures). Et de la danse. Ici, la danse est partout, la salsa joue partout, meme dans les supermarches, qui sont les rois, en general, de la mauvaise musique. Et la salsa qui passe est presque toujours de l'excellente salsa. C'est extraordinaire. Et les gens parlent de danse dans chaque conversation, autant que les francais parlent de cuisine ou de voitures. La danse est omnipresente et les colombiens, hommes ou femmes, savent danser. Ils savent danser, point. Pas de cours de salsa, ils naissent presque en faisant des passes de salsa. Et ils aiment ca, et ils (elles) acceptent presque toujours les invitations a danser. Ainsi, samedi dernier, j'ai pu faire mes premiers pas de salsa sur le sol Colombien, dans une discotheque de salsa et de son cubano bien connue, le Salome Pagana, et les filles que j'invitais, enfin, daignaient accepter mon invitation, et meme, acceptaient de nouveau si je les reinvitais, fait sans precedent dans ce voyage. Pour moi, danser la salsa en Colombie etait un reve depuis maintenant un certain temps, et je l'ai realise, et sa realisation etait a la hauteur du reve lui-meme.

    Au dela de la salsa, le Jollopo, danse venue des hauts plateaux situes a l'est, a la frontiere venezuelienne, est une danse traditionnelle tres importante et tres particuliere. Je l'avais deja danse a Paris un peu, mais je vois qu'ici, c'est aussi une institution, tout le monde en parle. Il y a aussi la Champeta, que je ne connais pas encore, qui vient de la cote caraide, dont on m'a parle des que j'ai dit que je partais pour Cartagena. Cette danse, parait-il est aussi "caliente" que le reggaeton en Amerique Centrale. Ici, le reggaeton ne se danse pas, et s'ecoute tres peu. Le reve...

    La danse est une institution sociale, cela se voit des les premiers jours. Les rapports entre les gens se font plus par la danse que par la parole, surtout pour faire connaissance. Des milliers d'informations passent par cette forme de communication, je fais la decouverte d'un nouveau langage. Saurai-je l'apprendre, ou au moins le decoder?

    Les gens: La encore, rien a voir, en terme d'amabilite, de serviabilite, de gentillesse, de douceur, de politesse, avec la rudesse des contacts en Amerique Centrale. Les gens sont polis, chaleureux, et je sais deja qu'en plus, les contacts ne se bornent pas a etre superficiels, vu le nombre d'amis colombiens que je compte deja, depuis des annees. C'est l'Amerique Centrale ou la Russie pour l'authenticite et la profondeur des rencontres, et le Mexique pour la gentillesse et la politesse (la premiere couche, quoi...).

    Je pars ce soir pour Cartagena, apparemment tres differente de Bogota. Je pars y faire en stage intensif de ce nouveau langage qu'est la danse. Serai-je un bon eleve? A suivre...


  • 29/01/2005

    Cartagena

    Cartagena de las Indias...

    Une bien belle ville, aussi belle que les plus belles villes de Pologne, presqu'aussi belle que Pragues, tel est ce que l'on peut dire de la cite coloniale de Carthagene. Autour, il y a un melange de gratte-ciels a l'architecture travaillee, de grues portuaires, de forteresses antiques et de faubourgs a la mode de ceux de San Salvador, avec tout ce que cela implique en terme de pauvrete, de bruit, de fureur, de pollution visuelle, olfactive et visuelle, d'embouteillages permanents de bus dans tous les sens, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, s'entremelant joyeusement dans une farandole de folie, deboitant les uns devant les autres, sans pitie pour les pietons et pour les impitoyables taxis tout aussi fous.

    Cartagena, ce fut aussi l'occasion de passer des vacances dans le voyage, a faire la fete, a aller a la plage au pied de notre immeuble tous les jours, et a se reposer tranquillement entre amis.

    Et enfin, Cartagena, c'est le gout des jus de mille fruits differents proposes en moultes endroits, le sel des vagues dans les yeux, le rythme des musiques de la cote, surtout, bien sur, la Salsa, et c'est le regret de ne pas avoir reussi a retourner voir mes amis les coraux et les poissons fous qui me manquent de plus en plus.

    Photos de Carthagene


  • 29/01/2005

    Bogota

    Retour a Bogota dans les montagnes. fin de la chaleur, du sel, des vagues, du sable, des mojitos, de la salsa...

    Retour a une vie plus culturelle. Les musees... D'abord le musee Botero, incontournable, ou on peut voir plein de toiles de maitres, comme Dali, Matisse, Picasso, Ernst, Kandinski, Pissaro, Monet-Manet, Degas, Renoir, Miro, Delaunay, Dubuffet, Chagal et plein d'autres dont j'ai vite oublie le nom, malheureusement... Il y a meme des toiles de Botero, si, si! Et tout un paquet. Six salles entieres lui sont consacrees. A croire qu'on est a Bogota! mais surtout, ce musee m'a fascine par son architecture alliant finement ancien et moderne.
    Photos du musee Botero

    Il y a aussi le musee de l'Or, le musee le plus connu et le plus prestigieux de la ville. Un bijoux. On y trouve des chefs d'oeuvre d'orfevrerie realises entre il y a plusieurs milliers d'annees et l'arrivee des cons qui s'adorent. Ces cons ont presque tout vole, tout fondu pour leurs retables et leurs autels, mais il en reste encore un peu. Et ce qui reste n'a pas de prix. surtout les objets utilises par les chamanes pour retablir l'equilibre du monde, dont on sent encore, de nos jours et dans ce musee tout construit de materiaux modernes, la puissance magique des ondes qui en emanent et qui traversent les vitres blindees sans la moindre alteration. Des millenaires de savoir oublie sont contenus dans ces objets de pouvoir. Les contempler et sentir leur aura est une prise de conscience de tout ce qui a ete perdu, detruit et oublie depuis les sinistres conquetes des espagnols puis de la science moderne qui se pose en dogme absolu, et se targue de tout expliquer, quand bien meme ces pieces en or sont au dela de toute rationalisation.
    Pour des raisons de conservation, il n'y a pas de photos de ces oeuvres humaines sur ce site, mais on peut les voir sur le site du musee de l'or: www.banrep.gov.co/museo/home4.htm

    Bogota, c'est aussi ses rues, son architecture, son urbanisme particulier. La encore, c'est une alliance entre modernite et anciennete, parfois tres reussie, parfois moins, mais toujours surprenante et marquante. Les photos parleront d'elles-meme.

    Photos de Bogota


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